Une PME se défend face à une attaque économique de la Chine


L’usine de la petite et moyenne entreprise à Saint-Jean-sur-Richelieu tourne maintenant à plein régime. Un châssis porte-conteneur y est fabriqué toutes les 40 minutes pour des clients comme le Canadien National et Canadian Tire.

Mais il y a un an, le groupe China International Marine Containers (CIMC), qui a généré plus de 20 milliards de dollars américains en 2021, commençait sérieusement à menacer la viabilité de ses opérations. Les prix de China International Marine Containers étaient imbattables : de 2000 à 6000 dollars de moins que le marché pour des remorques vendues normalement entre 20 000 et 30 000 dollars.

Chaque semaine, on perdait des clients qu’on avait depuis plus de 20 ans, rapporte le président de Max-Atlas Tibor Varga. Si on ne faisait absolument rien, on n’allait plus être en mesure de vendre dans un horizon de 12 à 24 mois.

China International Marine Containers, subventionné par le gouvernement chinois, s’est d’abord accaparé du marché de l’Ouest canadien en 2017, puis a pris d’assaut ceux de l’Ontario et du Québec deux ans plus tard. Les parts de marché de Max-Atlas ont chuté de 65 à 45 %.

Un châssis porte-conteneurs de Max-Atlas

L’usine Max-Atlas peut produire 2500 châssis porte-conteneurs par année.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Dion

Une contre-attaque

Avec le soutien d’un cabinet juridique en avril 2021, Max-Atlas a décidé de contre-attaquer et de déposer une plainte à l’Agence des services frontaliers du Canada pour dumping et subventionnement illégaux. Une enquête a été déclenchée, suivie d’une seconde par le Tribunal canadien du commerce extérieur.

C’était une attaque économique selon la perception de Max-Atlas, soutient l’associé de MacMillan au dossier, William Pellerin. L’entreprise n’était plus en mesure de compétitionner de façon juste et équitable dans le marché.

« Il faut combattre! On ne peut pas laisser les compagnies étrangères importer des produits et nous empêcher de survivre. »

— Une citation de  Tibor Varga, président de Max-Atlas

Gain de cause

À la mi-février, Max-Atlas a obtenu gain de cause et des droits de près 60 % sont dorénavant appliqués sur les châssis chinois importés au Canada. Les droits antidumping sont imposés lorsqu’une entreprise exporte des marchandises et les vend à une valeur bien inférieure à celle de produits équivalents dans un pays étranger. Les droits compensateurs visent à compenser les subventions du pays d’exportation.

Bref, China International Marine Containers ne peut plus casser les prix.

William Pellerin y voit vraiment une histoire d’un petit contre un géant chinois. Ce n’est pas une première; sur la cinquantaine de mesures antidumping en vigueur au Canada, la moitié vise la Chine à l’heure actuelle.

Des travailleurs font des travaux de soudure.

Max-Atlas emploie 135 personnes, mais fait face à une pénurie de travailleurs spécialisés en soudure. Si ses besoins étaient comblés, l’entreprise pourrait produire 14 unités par jour plutôt que 12.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Dion

De plus en plus de risques

En raison de la surcapacité de production d’acier dans l’empire du Milieu, des entreprises doivent trouver de nouveaux marchés à tout prix, ce qui mène à de la concurrence déloyale en territoire canadien.

Plus la Chine essaie de conquérir les marchés, plus il y a des risques de ce type, croit le directeur du Centre de droit des affaires et du commerce international de l’Université de Montréal, Hervé A. Prince.

Les nouveaux droits sur les remorques chinoises n’ont, cela dit, rien à voir avec du protectionnisme. Il s’agit selon lui d’une application pure et simple des règles en vigueur, mais ajoute que le dumping n’est pas prohibé en soi en vertu du droit de l’Organisation mondiale du commerce.

Les entreprises [étrangères] établissent les prix qu’elles considèrent être raisonnables pour conquérir les marchés. Après, ce sont aux entreprises [d’ici] d’être vigilantes et de dénoncer ce type de pratiques lorsqu’elles les considèrent anticoncurrentielles.

Et les entreprises, peu importe leurs moyens, doivent faire la démonstration qu’il y a un dommage ou une menace de dommage.

Malgré son succès, Max-Atlas ne sera d’ailleurs jamais compensée pour les pertes et frais juridiques encourus, mais ses clients sont de retour et l’issue de cette bataille lui permet d’envisager la possibilité d’investir pour moderniser son usine. On est déjà en 2023 avec nos commandes, indique son président Tibor Varga. C’est une très grosse victoire qu’on a connue.



Reference-ici.radio-canada.ca

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