Un Winnipégois échange ses crampons pour un fusil en Ukraine


Svyatik Artemenko ne possède pas de passeport ukrainien, mais n’a pas hésité à s’enrôler pour se battre pour son pays natal.

Je suis venu ici pour jouer au soccer, mais le soccer est annulé en raison de la guerre. Je veux retourner sur le terrain de football ici, et la seule manière de le faire est de mettre fin à la guerre, déclare le jeune homme de 22 ans.

Il était à Khmelnytskyi, dans l’ouest de l’Ukraine, pour un essai avec le FK Podylla. Il a signé un contrat avec le club le jour avant l’invasion russe.

Si le jeune homme a peur, il sent qu’il accomplit son devoir.

Dans mon for intérieur, il y a toujours la peur de perdre la vie et évidemment c’est une guerre, alors c’est normal d’avoir un peu peur, explique-t-il, mais le sentiment de fierté et de prise de responsabilité surpasse la peur.

Samedi, il s’est déplacé à Odessa, dans le sud du pays, où l’atmosphère est sombre et les combats sont plus fréquents.

M. Artemenko indique qu’il y a eu un bombardement à l’extérieur de Khmelnytskyi et que l’armée patrouillait dans les rues pour faire respecter la loi martiale et le couvre-feu de 22 h.

À Odessa, une ville portuaire de la mer Noire, la situation est plus grave avec des fusillades et des bombardements qui éclatent régulièrement.

C’est juste une chose à laquelle il faut s’habituer et s’adapter, estime-t-il.

Le footballeur est né à Odessa. Sa famille a immigré au Canada lorsqu’il avait 2 ans. Il dit qu’il communique sporadiquement avec ses proches, parce que les services de renseignement russe ont commencé à pister les téléphones portables en Ukraine.

Svyatik Artemenko note que sa famille lui a demandé s’il était certain de sa décision, ou s’il ne devrait pas plutôt tenter de rentrer au Canada.

Ça n’est même pas passé par ma tête de partir ou de fuir le pays, lance-t-il.

Le jeune homme explique que l’Ukraine cherche désespérément plus de soldats pour combattre l’envahisseur, et que tous les citoyens de 18 à 60 ans doivent rester au pays et se battre contre les Russes.

De nombreuses recrues n’ont pas de formation militaire. Svyatik Artemenko dit qu’il a eu la chance d’avoir été membre d’un régiment de génie de combat entre les âges de 16 et 18 ans avec la Réserve de l’Armée canadienne à Winnipeg.

Ancien joueur du Valour FC

Svyatik Artemenko habitait à Guelph en Ontario lorsqu’une personne liée au FK Podylla a vu jouer le gardien de but et lui a offert un essai avec le club ukrainien.

En novembre 2021, il a remporté le championnat de la League 1 en Ontario avec l’équipe semi-professionnelle Guelph United F. C.

C’était aussi le gardien de but des Gryphons de l’Université de Guelph, invaincus lors de la saison de soccer universitaire et quatrième au tournoi national U Sports. Il a été reconnu comme le meilleur gardien de but du tournoi.

Il a été l’un des gardiens de but de Valour FC en 2019, lors de la première saison de la Premiere Ligue canadienne et a joué dans des matchs d’avant-saison en 2020 et en 2021.

L’ancien entraîneur-chef de l’équipe, Rob Gale, a suivi l’évolution du footballeur Winnipégois depuis près de 10 ans. Il dit que le patriotisme du jeune homme a toujours été évident.

Le gardien de but Svyatik Artemenko plonge pour attraper un ballon.

Svyatik Artemenko lors d’un entraînement avec le Valour FC, à Winnipeg.

Photo : Valour FC

C’est un personnage intrépide et je souhaite et je prie pour que son caractère l’aide dans la situation actuelle, affirme M. Gale.

Je me souviens qu’il avait eu un petit accrochage quand il était plus jeune et qu’il défendait l’Ukraine avec des commentaires lors d’une séance d’entraînement. Il est farouchement patriotique. Il a le cœur sur la main sur le terrain et en dehors, poursuit-il.

Rob Gale n’est pas surpris par la décision de Svyatik Artemenko. Il espère que le jeune homme saura rester en sécurité et qu’il ne verra pas trop d’atrocités.

Il ajoute qu’il voudrait voir son ancien gardien de but continuer à vivre son rêve de jouer au soccer lorsque le conflit sera terminé.

Avec les informations de Nathan Liewicki



Reference-ici.radio-canada.ca

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