Un projet d’abattoir à North Bay soulève de l’intérêt en Abitibi-Témiscamingue


Les promoteurs ont pu rencontrer une soixantaine de producteurs bovins jeudi lors d’une journée porte ouverte à la ferme Vincent Boisvert de Trécesson, près d’Amos. L’entreprise Canada Meat Group veut lancer la construction d’un abattoir fédéral de 50 000 pieds carrés d’ici le début 2023, pour entrer en production dans un peu plus de deux ans. L’entreprise a ouvert une usine de transformation de viandes (boeuf, volailles) à North Bay en mars 2020.

Nous sommes ici pour discuter avec les agriculteurs de l’opportunité de travailler ensemble sur un nouveau projet d’abattoir. C’est l’étape suivante pour nous, ce qu’il manque dans la longue chaîne entre le producteur et le consommateur. On veut savoir ce qu’en pensent les producteurs, comment ils voient ce projet et s’ils ont du bétail disponible, explique le président Oleksandr Zahrebelnyi.

Quatre hommes debout à côté d'une grange sur une ferme bovine.

La délégation de Canada Meat Group : Ievgen Zaitsev, vice-président finance, Rafik Lang, responsable des projets spéciaux, Oleksandr Zahrebelnyi, président, et son fils Ilia.

Photo : Radio-Canada / Martin Guindon

On veut créer une entreprise locale intégrée verticalement. L’idée, c’est d’avoir du bétail local, qui provient du nord de l’Ontario et du nord du Québec. Il sera abattu et transformé localement pour la vente domestique et l’exportation. Il n’y a pas d’abattoir dans le nord de l’Ontario. Tout va vers le sud, où il y a de grands abattoirs. Le projet de l’équipe ici, c’est de créer quelque chose de nouveau, précise Rafik Lang, responsable du soutien réglementaire et aux projets spéciaux.

Oleksandr Zahrebelnyi ajoute que la collaboration avec les producteurs est importante afin d’arrimer les besoins de chacun. Par exemple, pour atteindre les marchés européens, les agriculteurs devront produire du bœuf sans hormones. Ou peut-être qu’ils peuvent nous suggérer, parce qu’on me dit ici que près de 80 % du boeuf est nourri à l’herbe, de se concentrer sur ça. Notre but, ce n’est pas juste de faire de l’abattage, mais aussi d’être capable de vendre un produit qui va trouver sa place sur les marchés canadiens et européens, fait-il valoir.

Une pancarte annonçant l'entrée de la Ferme Vincent Boisvert.

La journée porte ouverte avait lieu à la ferme Vincent Boisvert, de Trécesson.

Photo : Radio-Canada / Martin Guindon

Du potentiel

Pour Vincent Boisvert, président du Syndicat des producteurs de bovins de l’Abitibi-Témiscamingue, l’abattoir de North Bay présente un potentiel de développement pour ses membres. D’autant plus que la région ne produit presque plus de bœuf fini, mais se concentre surtout sur le veau destiné aux parcs d’engraissement.

Un avis que partage l’ancien président du Syndicat, Stanislas Gachet, un producteur de Notre-Dame-du-Nord. On en a déjà fait beaucoup du bouvillon d’abattage. On en fait beaucoup moins, mais là on va parler d’œuf et la poule. On est d’accord que s’il y a de la demande pour avoir du bouvillon d’abattage qui est intéressant, on va en faire. On est capable d’en faire, c’est ça qu’il faut se dire. Et on a un paquet de terres qui ne sont presque plus cultivées ou en friches, soutient-il.

Stanislas Gachet est debout devant un enclos avec des vaches.

Stanislas Gachet, producteur bovin à Notre-Dame-du-Nord.

Photo : Radio-Canada / Martin Guindon

La vache de réforme

Tous deux voient aussi un débouché intéressant pour la vache de réforme, que les producteurs doivent souvent garder plusieurs semaines, ce qui engendre des coûts additionnels.

Une ferme comme la mienne, je peux vendre environ 15 vaches de réforme par année. En ayant une demande pour ces vaches-là, ça va me donner une plus-value. Et ces gens-là sont intéressés. Ils nous ont déjà demandé combien de vaches de réforme on pourrait mettre sur le marché chaque année, souligne Vincent Boisvert.

Vincent Boisvert, producteur de boeuf à Trécesson et président du Syndicat des producteurs bovins de l'Abitibi-Témiscamingue.

Vincent Boisvert, producteur de boeuf à Trécesson et président du Syndicat des producteurs bovins de l’Abitibi-Témiscamingue.

Photo : Radio-Canada / Martin Guindon

Il reste entre 6000 et 8000 vaches à bœuf dans la région. On fait à peu près 10 % de réforme par année dans le bovin de boucherie, ça fait donc entre 600 et 800 vaches par année à mettre en marché quelque part, renchérit Stanislas Gachet.

Avantage géographique

Le  projet de North Bay présente aussi un avantage géographique, selon Yves Bergeron, un producteur bovin de Ville-Marie. La distance, c’était pas trop pire, mais là avec la hausse du prix du carburant, le coût du transport a monté d’à peu près 35 à 40 %. Si on les envoie à North Bay au lieu de Toronto et que les classements restent semblables, c’est parfait, lance-t-il.

Yves Bergeron, producteur de bouvillon vache veau et de finition à Ville-Marie, au Témiscamingue.

Yves Bergeron, producteur de bouvillon vache veau et de finition à Ville-Marie, au Témiscamingue.

Photo : Radio-Canada / Martin Guindon

Les trois producteurs voient aussi d’un bon oeil qu’un nouveau joueur se pointe le bout du nez, d’autant plus qu’il souhaite se démarquer des grands abattoirs. Et ils ne craignent pas non plus que l’abattoir de North Bay ne nuise au projet de la boucherie Les Praz, à Notre-Dame-du-Nord.

La concurrence, ce n’est pas toujours néfaste. Et il faut comprendre qu’ils visent pas les mêmes marchés. À mon avis, ce n’est pas vraiment dangereux. C’est une offre complémentaire selon moi, croit Stanislas Gachet.



Reference-ici.radio-canada.ca

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