Retard du REM de l’Est : une pause justifiée, selon Québec et Montréal


Des comités de citoyens et des experts ont accueilli froidement la semaine dernière la vision architecturale et d’intégration urbaine du REM de l’Est. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a aussi demandé des améliorations et réclamé à nouveau une place à la table des décisions.

C’est cette absence de consensus que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) invoque, elle qui devait se présenter devant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) au printemps.

Avant de se lancer dans un mécanisme comme le BAPE, une des choses qu’on trouve importantes, c’est de s’assurer au préalable que l’adhésion de tous les partenaires clés, comme la Ville de Montréal, soit au rendez-vous, et on va prendre le temps d’échanger avec eux, a expliqué jeudi son porte-parole Jean-Vincent Lacroix.

La ministre déléguée aux Transports Chantal Rouleau, qui est aussi responsable de la région de Montréal, reconnaît que des audiences environnementales seraient prématurées. Dans une déclaration écrite transmise à Radio-Canada, elle dit vouloir faire les choses dans l’ordre pour que toutes les parties soient satisfaites.

« Le REM de l’Est est un projet d’envergure qui demande que les choses soient faites de manière rigoureuse. »

— Une citation de  Chantal Rouleau, ministre déléguée aux Transports et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal

De son côté, la mairesse Plante soutient que CDPQ Infra a des devoirs à faire pour que le REM de l’Est se fasse de façon exemplaire.

Tous les experts endossent les conditions exigées par la Ville de Montréal depuis le début pour que ce projet soit un succès à la hauteur des attentes de la population montréalaise, a-t-elle souligné, par courriel, jeudi.

Le président de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, Jean-Yves Charest, juge aussi préférable d’améliorer le projet plutôt que de présenter une version finale trop rapidement.

Le REM de l’Est est un projet extrêmement complexe, alors si on a besoin de quelques mois de plus pour bien organiser le projet et avoir une bonne base de gouvernance, je pense que c’est la bonne décision à prendre, dit-il.

Des athlètes canadiens qui tiennent des drapeaux du Canada.

Le reportage de Mathieu Prost

Un report de plusieurs mois pourrait avoir des conséquences sur l’échéancier des travaux et sur la mise en service du REM de l’Est.

Le chef de l’opposition à l’Hôtel de Ville, Aref Salem, s’en désole. Selon lui, l’administration Plante est en train de tuer un projet de 10 milliards de dollars, un projet qui promet beaucoup, surtout pour l’est de Montréal.

Chargé de cours en planification des transports à l’Université de Montréal, Pierre Barrieau nuance. On ne parle pas du tout de fermer le bureau de projet et d’envoyer les choses aux archives, mais on est dans le dernier mile, reconnaît-il. On est là où ça passe ou ça casse.

Le projet de REM entre le centre-ville, Pointe-aux-Trembles et Montréal-Nord est estimé à une dizaine de milliards de dollars. Sa portion en hauteur, sur le boulevard René-Lévesque, est particulièrement contestée. Le projet était prévu pour 2029, mais tout indique qu’il ne se réalisera pas avant 2030, au plus tôt.

À Québec, l’opposition officielle n’a pu s’empêcher jeudi de montrer du doigt le gouvernement Legault pour ce retard. Je pense que ça témoigne de la gestion, de la gouvernance de la CAQ, a indiqué sa cheffe Dominique Anglade, qui a reproché au gouvernement de ne pas impliquer les personnes en amont.

La co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé, qui est aussi députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, dit recevoir beaucoup d’appels à son bureau concernant le REM de l’Est et son tracé aérien. Ses concitoyens sont inquiets, dit-elle. Est-ce qu’on doit tirer la plogue? On n’est pas loin de ça.

Dans ce contexte, le Parti québécois croit effectivement qu’une pause s’imposait. Le fait qu’on le reporte aujourd’hui, d’un certain point de vue, c’est une bonne chose, parce qu’on ne voudrait pas enfoncer ce projet-là, tel qu’il est, dans la gorge des citoyens, a fait valoir son chef parlementaire, Joël Arseneau, jeudi.

Avec les informations de Benoit Chapdelaine, Shuyee Lee et Mathieu Prost



Reference-ici.radio-canada.ca

Leave a Comment