Quand la COVID-19 se cache derrière une gastro, une maman appelle à la prudence | La COVID-19 en Atlantique


Au Canada, jusqu’à 20 % des jeunes enfants hospitalisés en raison de la COVID-19 souffrent de symptômes digestifs. Toutefois, ces symptômes ne sont pas connus de tous.

Jessica Maltais, une orthophoniste et mère de deux enfants, l’a appris à ses dépens.

Vers 3 h, le matin du 18 janvier, son fils de 3 ans a été pris d’un violent épisode de vomissements. Il avait aussi de la diarrhée. Mais pas de fièvre, ni toux, ni nez qui coule, dit-elle.

Pour cette maman de Moncton, tout portait à croire qu’il s’agissait d’un cas classique de gastro-entérite.

« Je n’ai pas pris la peine de lui faire un test rapide, parce que ce n’était tellement pas dans ma tête des symptômes de COVID. »

— Une citation de  Jessica Maltais, mère

Pendant deux jours, Jessica Maltais reste à la maison pour soigner son enfant, dont l’état de santé ne s’améliore pas.

Le troisième jour, elle doit se rendre à son travail et demande à la grand-mère du garçon de le garder, puisqu’il est toujours malade.

« Quand je suis arrivée du travail, il était complètement amorphe. Il était à moitié inconscient, vraiment mou, il avait de la misère à ouvrir les yeux pour me répondre. J’étais comme : OK, il faut aller à l’urgence. Ça ne va pas. »

— Une citation de  Jessica Maltais, mère

Test positif et intraveineuse

À leur arrivée en salle d’urgence, la famille est rapidement priorisée lors du triage.

L’infirmière en poste demande aux parents si le petit souffre de symptômes de la COVID-19. Non, il n’a pas de toux, pas d’écoulement nasal, c’est vraiment comme une gastro, répond Jessica Maltais.

L'entrée des ambulances de l'Hôpital Georges-L.-Dumont, à Moncton, en hiver.

L’enfant de Jessica Maltais a été hospitalisé à l’Hôpital Georges-L.-Dumont de Moncton, au Nouveau-Brunswick.

Photo : Radio-Canada / Michel Nogue

Le taux d’hypoglycémie de l’enfant est alors analysé, et le résultat est alarmant. Il est immédiatement admis à l’hôpital et mis sous intraveineuse afin de le réhydrater et rétablir le taux de sucre dans son sang.

De plus, on le place en isolement préventif, où il effectue un test de dépistage pour la COVID-19. Un peu plus tard, la famille reçoit une confirmation qu’il est atteint du virus.

« J’étais sous le choc. Je travaille à l’hôpital, je me teste tous les deux ou trois jours, on fait vraiment attention avec nos symptômes, on ne sort pas. Je ne le savais pas! Ça m’est tombé dessus. »

— Une citation de  Jessica Maltais, mère

Alors que son fils est alité, la maman partage un message de sensibilisation sur les médias sociaux. Facile de croire que c’est ”juste” une gastro. Testez-vous si vous avez des symptômes, même si ”ça ne ressemble pas” à la COVID (une leçon apprise pour moi), écrit-elle.

Deux jours plus tard, la famille quitte l’hôpital. L’enfant reprend rapidement du mieux, pendant que son jeune frère développe à son tour des symptômes de gastro-entérite, mais moins sévères.

Parallèlement, tous les membres de la petite famille reçoivent des résultats positifs à la COVID-19.

Avoir su […] ma belle-mère n’aurait pas dû le garder pendant qu’il avait une gastro. On a exposé ma belle-mère, aussi à la COVID, souligne Jessica Maltais. Je feelais mal de ne pas avoir réalisé que c’était la COVID et de ne pas l’avoir testé, mais finalement, je ne savais pas.

Un symptôme commun chez les enfants

Jessica Maltais n’est pas la seule maman dans cette situation.

La pédiatre infectiologue à l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal, Fatima Kakkar, confirme que depuis l’arrivée de la COVID-19 au pays, plusieurs enfants ont été hospitalisés à la suite d’un seul symptôme : la gastro-entérite.

Si ce n’est pas encore reconnu, c’est important que les gens le reconnaissent, dit-elle.

Il n’y a aucune différence entre une gastro-entérite causée par la COVID-19 et une gastro-entérite causée par un autre virus, sauf pour l’apparition de la fièvre, à l’occasion.

N’hésitez pas à faire des tests de dépistage, indique Fatima Kakkar.

Un père donne le biberon à un bébé.

Les symptômes digestifs sont plus souvent observables chez les nourrissons atteints de la COVID-19, mais les enfants un peu plus âgés peuvent également développer ce symptôme.

Photo : iStock

Outre la diarrhée ou les vomissements, la COVID-19 peut également se manifester chez les tout petits non-vaccinés par la fièvre, la toux, la laryngite, les problèmes respiratoires, le mal de gorge, la congestion nasale, la perte du goût ou de l’odorat, les douleurs musculaires, le nez qui coule, la fatigue, la perte d’appétit, et les céphalées.

Fatima Kakkar se fait toutefois rassurante : en général, les enfants récupèrent très bien de leur COVID. C’est rare que ça va tomber dans une maladie sévère, clame-t-elle.

Par contre, les parents des enfants qui sont atteint du virus et qui souffrent également d’une maladie chronique devraient communiquer rapidement avec leur médecin, selon la pédiatre.

Des traitements préventifs sont disponibles pour les enfants à risque, dans les premiers jours après leur diagnostic, afin d’empêcher le développement d’une maladie sévère.

Mise en garde contre un syndrome inflammatoire

Par ailleurs, Fatima Kakkar met les parents en garde d’un syndrome inflammatoire post-viral peu connu qui peut toucher les enfants ayant été atteint de la COVID-19.

Le syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant (SIME) se manifeste normalement de quatre à huit semaines après une infection au coronavirus.

Ça se présente avec de la fièvre soutenue et des douleurs abdominales, précise Fatima Kakkar. Si votre enfant commence à avoir ces symptômes quelques semaines après avoir été atteint du virus, n’hésitez pas à consulter votre médecin.

Un total de 269 cas du syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant ont été signalés à l’Agence de la santé publique du Canada entre le 11 mars 2020 et le 2 octobre 2021. Presque tous ont nécessité une hospitalisation et le tiers une admission à l’unité de soins intensifs.

C’est quand même très sévère, indique Fatima Kakkar, qui ajoute que les parents qui se présentent à l’hôpital avec un enfant qui souffre du syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant ne sont généralement pas au courant que ce syndrome existe.

Bien que les cas répertoriés de syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant par le gouvernement ne prennent pas en compte l’arrivée du variant Omicron au pays à la fin novembre 2021, Fatima Kakkar confirme que cette complication demeure à ce jour rare.

Elle ajoute que la vaccination chez les jeunes protège contre le syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant.



Reference-ici.radio-canada.ca

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