Premier jour sans passeport vaccinal pour les restaurants albertains


À l’approche de l’heure du dîner, le Workshop Eatery d’Edmonton bourdonne d’activité. Une affiche oubliée à l’entrée indique encore qu’il faut montrer une preuve de vaccination pour pouvoir manger à l’intérieur.

L’hôtesse prend le temps de la décrocher entre deux clients.

Soulagement et nervosité

Paul Shufelt, propriétaire du restaurant et du groupe d’accueil Robert Spencer, a accueilli la fin soudaine du programme d’exemption des restrictions avec un peu d’anxiété et un peu d’espoir.

Je me sens un peu inquiet que ça se fasse si rapidement, mais nous croyons que nous en avons fait assez pour garder nos clients en sécurité.

« Personnellement, je sens que j’ai un peu plus de “pep” [ce matin]! Mais c’est encore une sorte d’optimisme prudent et incertain. »

— Une citation de  Paul Shufelt, propriétaire du groupe Robert Spencer

Il craint aussi que certains clients, qui se sentaient en sécurité grâce au programme d’exemption des restrictions, ne viennent plus au restaurant.

Le passeport vaccinal, toutefois, comportait aussi son lot de tracas.

Ainsi, la difficulté qu’avait parfois son personnel à gérer les quelques clients, peu nombreux, mais dérangeants et bruyants, qui refusaient de se plier aux règles, n’était pas le moindre.

Paul est debout derrière le bar de son restaurant.

Paul Shufelt, propriétaire du groupe Robert Spencer, dont fait partie le Workshop Eatery, est heureux, quoiqu’un peu nerveux de se débarrasser des codes QR.

Photo : Radio-Canada / Hugo Levesque

Il y a cette anxiété, de constamment te demander si le personnel est en sécurité, pas seulement à cause du virus, mais à cause de clients en colère, dit-il.

Adam Strickland, gérant du bar de Cold Garden, à Calgary, est aussi soulagé que la charge de travail du personnel diminue.

Quand de grands groupes arrivaient, il suffisait de deux pour qu’une énorme queue se forme. Nous devions faire des rondes sans arrêt pour vérifier si les gens avaient leurs tampons ou pour vérifier les passeports. Cela créait un grand manque d’efficacité dans l’industrie.

L’ordre des assouplissements critiqué

Adam Strickland s’avoue cependant perplexe que le gouvernement ait aboli le passeport vaccinal en premier, alors que l’interdiction de vendre de l’alcool après 23 h est encore en vigueur.

J’aurais souhaité que ce soit le contraire, que, peut-être, on garde le passeport vaccinal, mais qu’on puisse allonger nos heures de vente.

Même son de cloche du côté de l’Association du tourisme d’accueil de l’Alberta.

Le programme d’exemption des restrictions aurait pu être aboli dans la phase 3, pas la phase 1, dit le président, Ernie Tsu, qui est également propriétaire du restaurant-bar Trolley 5, à Calgary.

L’interdiction de vendre de l’alcool après 23 h et l’obligation d’avoir un maximum de 10 clients par table qui doivent par ailleurs rester assis à leur place font beaucoup plus mal aux finances de l’industrie que le passeport vaccinal, selon lui.

Il assure d’ailleurs que c’est exactement ce que les membres de son association ont dit à plusieurs reprises au gouvernement.

Alors qu’un nombre croissant de restaurants croule sous les dettes, il se dit déçu que le gouvernement n’ait pas tenu compte de ces commentaires.

Paul Shufelt espère que la situation sanitaire ne forcera pas, encore une fois, les autorités provinciales à revenir en arrière.

J’ai bon espoir que le pire est derrière nous et que nous pourrons avancer, mais [je reste] réaliste, dit-il, rappelant les promesses d’être ouvert pour de bon du gouvernement et les multiples vagues de la pandémie qu’il espérait chaque fois être les dernières.

Chat échaudé craint l’eau froide.

Mercredi après-midi, le conseil municipal d’Edmonton a voté à l’unanimité pour élaborer sa propre forme de passeport vaccinal.

Calgary a envisagé, puis écarté, cette solution dans la même journée.

Avec des informations de Stéphanie Rousseau



Reference-ici.radio-canada.ca

Leave a Comment