Portapique : la ruralité et la fusillade de Moncton ont influencé l’intervention | Tuerie de Portapique : la Nouvelle-Écosse en deuil


Michael Arntfield, professeur et criminologue à l’Université de Western Ontario, s’est penché sur le travail des policiers pour la nuit du 18 avril et les premières heures du 19 avril 2020. Puis, il a remis un rapport publié lundi par la Commission des pertes massives.

Le document comprend des déclarations et des descriptions de conversations entre divers témoins et les répartiteurs du 911 et la police. Il contient aussi des extraits de transcriptions d’appels au 911 de quatre enfants qui ont été témoins de meurtres, qui ont vu le tireur et qui ont dû rester cachés dans une maison pendant deux heures.

Michael Arntfield comprend que le public réagisse fortement sur la façon dont quatre enfants ont été laissés dans une maison pendant deux heures, mais il rappelle qu’une décision devait être prise à la volée.

Je pense que cela souligne vraiment à quel point cette situation était frénétique et sans précédent, dit le criminologue.

Tyler Blair, le frère aîné de deux des enfants, s’est demandé pourquoi il avait fallu si longtemps pour mettre les enfants en sécurité. Michael Arntfield convient que la question, comme bien d’autres, se pose. Mais il se demande si ce n’était pas plus sûr, considérant la situation.

Les 22 personnes qui ont perdu la vie dans la tuerie de Portapique.

Les 22 personnes qui ont perdu la vie dans la tuerie de Portapique

Photo : Radio-Canada

Les trois agents de la Gendarmerie royale du Canada qui sont entrés dans la subdivision à pied sont allés les voir à trois reprises. Ils ont demandé aux enfants de rester au sous-sol et d’ouvrir la porte seulement si la personne connaissait le mot de passe, ananas .

Sans doute pas le meilleur des plans, dit le criminologue, mais à son avis c’était peut-être tout ce qui était possible avec seulement trois agents sur les lieux.

Allez-vous accompagner les enfants avec un tireur actif à travers les bois jusqu’à une voiture? demande Michael Arntfield.

Je veux dire, ce n’est pas une situation idéale, mais ils sont relativement en sécurité là où ils se trouvent.

Le document décrit comment l’agent Chris Grund est arrivé plus tard et il a eu du mal à attendre le feu vert pour aider les enfants. Sa décision d’entrer finalement à pied, plutôt que de prendre une voiture de patrouille, était en partie motivée par son souvenir de la façon dont les véhicules de la Gendarmerie royale du Canada avaient été la cible de la fusillade de 2014 à Moncton.

Michael Arntfield est assis devant des étagères remplies de livres.

Le criminologue Michael Arntfield dit que les quelques agents sur le terrain dans les premières heures des meurtres de Portapique ont dû prendre leurs propres décisions dans de nombreuses situations, y compris ce qui était le mieux pour les enfants cachés dans une maison.

Photo : Radio-Canada

Le criminologue dit qu’il est clair que tous les agents de la Gendarmerie royale du Canada sur le terrain cette nuit-là auraient été très au courant de la fusillade de Moncton au cours de laquelle trois agents ont été tués et deux blessés dans des situations d’embuscade.

C’est une considération dans leurs décisions tactiques de rester cachés et de ne pas conduire un véhicule où ils pourraient être remarqués. Michael Arntfield dit qu’il n’y avait peut-être pas de plan opérationnel pour le faire, mais ce sont des décisions à la discrétion de chaque agent.

Appels de renfort

Au cours de ces deux heures, les policiers ont également continué à être appelés alors que de nouveaux incendies et d’autres explosions étaient signalés.

L’agent Grund a demandé à deux reprises au gestionnaire des risques qui travaille au centre de communication opérationnel de la Gendarmerie royale du Canada si une autre équipe pouvait entrer dans le périmètre pour aider. Mais le sergent Andy O’Brien avait peur qu’une deuxième équipe puisse se faire prendre entre deux feux.

Michael Arntfield croit que les problèmes de personnel des premières heures mettent en évidence la différence entre la police dans les villes et les régions rurales. Une différence à son avis dont le citoyen moyen est complètement inconscient.

Un citoyen s'approche de deux agents alors que des voitures de police bloquent un chemin de gravier.

Un citoyen près d’un barrage routier mis en place par la police à Portapique, en Nouvelle-Écosse, le 19 avril 2020.

Photo : Reuters / John Morris

Peu importe la province ou le territoire, le criminologue rappelle que dans les zones rurales, ils doivent déplacer des agents d’une unité à une autre, juste pour maintenir un nombre adéquat d’agents.

La Commission n’est pas là pour jeter le blâme.

Lors d’une conférence de presse avec des journalistes lundi après-midi, les membres de l’équipe de la commission ont déclaré qu’ils étaient conscients que les nouveaux détails allaient soulever davantage de questions pour le public et les familles des victimes.

Le rôle de la commission n’est pas de blâmer, mais d’examiner quels sont les faits et ce que nous pouvons en apprendre, et quelles recommandations pouvons-nous faire pour assurer la sécurité des personnes à l’avenir, a expliqué l’avocate principale de la commission, Emily Hill.

Ce n’est que le début de ce processus, dit-elle, donc le travail de cette semaine consiste à construire une base commune de faits. Ensuite, d’autres conversations peuvent avoir lieu sur pourquoi et comment les décisions ont été prises, et ce qui peut être appris.

Avec les informations de Haley Ryan, de CBC



Reference-ici.radio-canada.ca

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