Pluie d’hommages en Acadie après le départ du Démond blond


La grande vedette de la LNH dans les années 1970 s’est éteinte vendredi, à l’âge de 70 ans. Il a succombé à un cancer du poumon.

En plus de ses statistiques étincelantes – 560 buts et 1353 points en 1126 matchs à Montréal, New York et Québec – c’est aussi l’homme humble et social, dont la seule présence attirait les foules, qui a marqué l’imaginaire.

Guy Lafleur rencontre des admirateurs, lors d'un passage en Nouvelle-Écosse (archives).

Guy Lafleur rencontre des admirateurs, lors d’un passage en Nouvelle-Écosse (archives).

Photo : Radio-Canada

Un « monstre sacré »

Jean Perron, un ancien entraineur des Aigles Bleus de l’Université de Moncton, qui est devenu entraineur adjoint des Canadiens en 1984, l’a bien connu. Il se souvient d’un homme chaleureux.

C’est le dernier du triumvirat qui part, après Maurice Richard et Jean Béliveau. Guy Lafleur a marqué l’imaginaire du hockey au Canada et aux États-Unis avec ses cheveux au vent, son style spectaculaire, ses puissantes enjambées en territoire adverse. Tout le monde parlait le lui, se souvient Jean Perron.

Il a eu la chance de le côtoyer lors de sa dernière saison à Montréal. Par la suite, la relation s’est poursuivie lorsque le Numéro 10 a fait des relations publiques pour le Canadien et en tant qu’entraîneur des Anciens Canadiens en tournée.

Jean Perron debout devant un micro sur son parterre

Jean Perron (archives).

Photo : Radio-Canada / Luc Manuel Soares

Je n’ai jamais vu un homme aussi aimé que Guy Lafleur. Pendant les entractes avec les Anciens Canadiens, les gens défilaient dans le vestiaire pour le voir. Ils voulaient l’autographe de Guy Lafleur. Il a été un monstre sacré pour tout le monde. Il était un homme intègre, qui n’avait pas peur de s’exprimer, a-t-il remarqué.

Son anecdote préférée est survenue le jour de son anniversaire, le 5 octobre. Il débutait dans l’organisation et Guy Lafleur est venu lui souhaiter un joyeux anniversaire, en passant sa main dans les cheveux du jubilé.

Il m’a accueilli comme un des gars de l’équipe, moi un ti-cul qui arrivait du programme olympique et des Aigles Bleus, se rappelle-t-il.

De beaux souvenirs

Léopold Godin fouille dans ses albums pour une photo de Guy Lafleur.

Léopold Godin fouille dans ses albums pour une photo de Guy Lafleur.

Photo : Radio-Canada

Assis sur le banc acheté de l’ancien Forum de Montréal, Léopold Godin de Bertrand dans la Péninsule acadienne, paraît bien triste. Il vient de perdre son idole et son ami.

C’est un deuil. Pour moi, c’est “le” joueur. Je n’ai que de beaux souvenirs de lui, se remémore-t-il.

Que ce soit dans une voiture entre Moncton et la Péninsule acadienne ou encore derrière un banc à diriger les Anciens Canadiens, Léopold Godin n’avait d’yeux que pour le Démon blond.

Léopold Godin, de Bertrand au Nouveau-Brunswick, est un grand partisan des Canadiens de Montréal

Léopold Godin, de Bertrand au Nouveau-Brunswick, est un grand partisan des Canadiens de Montréal

Photo : Radio-Canada

Après le match, on a eu un petit party avec lui dans l’aréna de Caraquet. Il y avait tous ces joueurs avec qui on aurait pu prendre des photos. Mais le numéro 1, c’était Lafleur. Le monde voulait le voir et se faire photographier avec lui. Et lui, il était gentil, ça n’avait pas d’allure, poursuit ce grand partisan du Canadien.

La perte d’un ami

Christopher O’Neill a plusieurs chandails de Guy Lafleur dans son sous-sol, un véritable musée consacré au hockey. Il possède même un bâton signé par le Numéro 10. Mais c’est surtout la perte d’un ami qu’il pleure aujourd’hui.

Il a rencontré Guy Lafleur lors d’un match des Anciens Canadiens à Shippagan. Après les présentations d’usage dans le vestiaire, le hockeyeur est par la suite allé visiter son usine de poisson à Escuminac. Ainsi est née une solide amitié.

Christopher O'Neill a un véritable musée consacré au hockey, dans son sous-sol.

Christopher O’Neill a un véritable musée consacré au hockey, dans son sous-sol.

Photo : Radio-Canada

C’était un gars super gentil qui aimait le homard et les bateaux, mentionne-t-il. Et il était bon avec les enfants. Entre les périodes, il restait avec ses admirateurs pour signer des autographes. Il était toujours aussi populaire même 20 ans après avoir pris sa retraite.

La relation entre les deux hommes n’a jamais cessé par la suite. Christopher O’Neill est même allé le voir chez lui en novembre, alors que Guy Lafleur se battait contre le cancer.

Je suis resté une heure ou deux. On a parlé de hockey et de la vie en général. Il était malade, mais il se battait. J’en garde un beau souvenir. On vient de perdre deux légendes en deux semaines avec Mike Bossy et lui. Je savais qu’il n’allait pas bien, alors l’annonce de sa mort ne m’a pas surpris. C’est une journée triste pour le hockey, admet-il.

Sa photo préférée montre Guy Lafleur aux côtés de Wayne Gretzky et de Mike Bossy au tournoi de la Coupe Canada de 1981. Deux des trois hommes sont maintenant partis.

Un homme au grand cœur

Eugene Gaudet de Dieppe, a été physiothérapeute et responsable de l’équipement du Canadien. Il reconnait que Guy Lafleur fait partie des idoles d’un peuple.

Eugene Gaudet

Eugene Gaudet, ancien phytothérapeute des Canadiens de Montréal, à Dieppe

Photo : Radio-Canada

Un joueur peut influencer son sport par ses habiletés, une idole influence tout un peuple par la personne qu’elle est. Guy était une personne humble, charitable, avec un grand cœur et qui avait un grand respect pour les Acadiens, comme l’avait fait Jean Béliveau, reconnaît-il.

Chaque fois qu’il entrait dans le salon des anciens Canadiens, tout le monde le regardait. On se souvient du Démon blond comme joueur et comme personne, mais aussi comme un joueur qui marquait des buts au bon moment, ajoute-t-il.

La poignée de main

Trop jeune pour avoir vu les exploits de Guy Lafleur dans l’uniforme du Canadien, l’ancien Aigle Bleu Alexandre Couture se souvient de sa rencontre dans un match contre les Anciens Canadiens. Grâce à son père et ses oncles, il savait tout de la légende.

Il est une légende depuis plusieurs générations. J’ai tellement entendu parler de lui par mon père et mes oncles que c’est comme si je l’avais vu jouer. Quand je l’ai rencontré, j’étais intimidé. Il est venu vers moi et je me souviendrai toujours de sa poignée de main. Sa main a enrobé ma main, a-t-il raconté.

À son avis, le Numéro 10 a eu un impact énorme dans les communautés acadiennes avec ses nombreux partisans du Canadien de Montréal.

Je ne suis pas religieux, mais on vient de perdre le dernier morceau de la Sainte Trinité, avec Maurice Richard et Jean Béliveau, pense-t-il.

Propos recueillis par Janic Godin, François Le Blanc et René Landry



Reference-ici.radio-canada.ca

Leave a Comment