Opposition à l’agrandissement d’une porcherie à Béthanie


Pierre Grenon fait partie des résidents qui s’opposent à cet agrandissement qui pourrait jusqu’à doubler le nombre de bêtes dans la porcherie.

M. Grenon se désole que la communauté n’ait pas été informée du projet avant que celui soit soumis pour une évaluation par le ministère de l’Environnement.  Ils [Olymel] négocient cela avec le ministère de l’Environnement, puis après cela ils sont chez eux , peste-t-il.

Les résidents s’inquiètent surtout qu’une trop grande quantité d’eau soit pompée par la porcherie, ce qui nuirait à l’approvisionnement des autres producteurs du secteur.

L’été dernier, plusieurs d’entre eux ont déjà manqué d’eau.  L’année passée, on a dû creuser trois puits différents pour avoir un peu d’eau , s’exclame la citoyenne Lucie Perré, rencontrée à sa ferme.

Michel Côté devant une route de Béthanie.

Le maire de Béthanie Michel Côté.

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

« Je ne dirais pas que tout le monde a manqué d’eau, mais tout le monde connaît quelqu’un qui a manqué d’eau.   »

— Une citation de  Michel Côté, maire de Béthanie

Un moratoire réclamé

Le maire de Béthanie Michel Côté réclame l’intervention du gouvernement du Québec dans le dossier.

Il demande un moratoire sur le projet d’agrandissement pour permettre à la municipalité de bien évaluer les impacts potentiels du projet.  On devrait prendre un temps d’arrêt pour faire une étude [sur l’eau] en fonction de ce qu’on a vécu, souligne M. Côté. N’ayant pas toute l’information actuellement, ça inquiète la population. 

Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte où les changements climatiques semblent avoir un impact bien réel sur le territoire du bassin versant de la rivière Yamaska.

Le directeur de l’Organisme de bassin versant de la Yamaska, Alex Martin, observe qu’il y a de plus en plus de périodes de sécheresse dans la région.  Ensuite, il y a des périodes de pluies intenses, ajoute-t-il. Lorsque l’eau tombe rapidement, elle ruisselle rapidement dans le cours d’eau et est évacuée. Il y a moins de temps pour avoir de la recharge [de la nappe phréatique]. C’est ce qui nous inquiète, explique-t-il.

Alex Martin sourit à l'extérieur.

Alex Martin est directeur général pour l’Organisme de bassin versant de la Yamaska.

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

Olymel répond

Questionné quant aux impacts de son projet sur l’eau, Olymel répond avoir une étude hydrologique en main et assure ne pas vouloir nuire au voisinage.

On veut bien faire les choses, martèle le porte-parole d’Olymel Richard Vigneault. Faut s’assurer que tout est fait dans le respect de toutes les parties, de toutes les réglementations existantes et c’est ce qu’Olymel va faire. 

« On veut faire cela avec un projet d’acceptation sociale très élevée. »

— Une citation de  Richard Vigneaut, porte-parole d’Olymel

Olymel se défend aussi d’avoir tardé avant d’informer la municipalité de ses intentions d’agrandir sa porcherie à Béthanie.  L’ancienne direction municipale avait été informée, mise dans le coup, puis là, il y a eu un changement au niveau municipal depuis les dernières élections de l’automne dernier , souligne M. Vigneault.

Le maire rétorque que c’est faux.  J’ai fait partie de la précédente administration et je peux vous dire qu’on n’a jamais eu vent qu’il y avait un projet , mentionne M. Côté.

Invité à s’expliquer, le porte-parole d’Olymel répond qu’il y a  peut-être eu une faille dans les communications .  Mais chose certaine, notre intention est d’avoir la plus grande ouverture possible pour les autorités de Béthanie , ajoute-t-il.

Un appel à une réflexion de fond

Dans une lettre envoyée au gouvernement provincial, le maire de Béthanie invite l’État québécois à prendre un temps d’arrêt avant de continuer à autoriser de grands projets agricoles.

Cela pourrait passer par une réflexion sur l’autonomie alimentaire du Québec, laquelle devrait primer sur l’exportation de produits qui sont, dans les faits, de l’exportation déguisée de nos ressources agricoles essentielles , mentionne-t-il dans sa lettre.

Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, mentionne en entrevue que plusieurs projets ne visent pas à accroire la production. Depuis plusieurs années, la production porcine au Québec est à peu près au neutre. Ce qui se passe, c’est qu’il y a un remplacement important (des installations) pour une question de bien-être animal, pour améliorer la performance environnementale , précise-t-il.

Quant à l’opposition au projet d’Olymel, le ministre Lamontagne affirme qu’il est à l’écoute des citoyens. J’ai quelqu’un ici au bureau qui est en contact à peu près toutes les semaines avec la municipalité, puis je comprends très bien leurs préoccupations , mentionne-t-il.

« Il y a un processus qui est rigoureux au ministère de l’Environnement. Ce projet-là doit vraiment se faire dans les règles de l’art.   »

— Une citation de  André Lamontagne, ministre de l’Agriculture

Le ministre ne s’est toutefois pas engagé à répondre favorablement à la demande de moratoire. En réalité, ce que la municipalité désire, c’est d’être rassurée par rapport à la question de l’eau , répond-il lorsque questionné sur le sujet.

Olymel n’a pas dévoilé d’échéancier pour la concrétisation de son projet, mais promet d’aller à la rencontre de la communauté sous peu. 

Un projet en développement en plein  moratoire 

Les Éleveurs de porcs du Québec ont récemment décrété un moratoire sur les nouveaux projets de porcherie. Cette mesure s’applique toutefois uniquement aux porcheries à l’engraissement. La porcherie de Béthanie est une maternité. Le projet n’est pas touché par le moratoire.



Reference-ici.radio-canada.ca

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