L’Union européenne pourrait débattre d’un embargo sur le gaz russe | Guerre en Ukraine


Il faut qu’il y ait une réponse. De tels crimes ne peuvent pas rester sans réponse, a dit la ministre Christine Lambrecht dans un entretien à la chaîne de télévision publique allemande ARD.

Les corps de 410 civils ont été retrouvés dans les territoires récemment libérés près de Kiev. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky demande à ce que les dirigeants russes soient tenus responsables des meurtres et des tortures qui ont été commis notamment à Boutcha, où des dizaines de corps ont été retrouvés dans des fosses communes.

Ces macabres découvertes ont soulevé l’indignation de l’Occident, qui a été directement interpellé par le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba. Ce dernier a exigé de nouvelles sanctions immédiates du G7 à l’encontre de la Russie. Il demande un embargo total sur l’énergie, la fermeture des ports à tous bateaux ou marchandises russes et la déconnexion de toutes les banques russes de la plateforme financière internationale Swift.

Le chancelier Olaf Scholz a déclaré que les alliés occidentaux décideraient dans les prochains jours quelles seraient les nouvelles sanctions contre la Russie.

Sa ministre de la Défense n’a toutefois pas hésité à aller plus loin en demandant que l’Union européenne rouvre le débat sur l’embargo complet du gaz russe.

Dépendance énergétique

Jusqu’à présent, Berlin avait rejeté les appels en faveur d’un embargo total sur les importations de gaz, de pétrole et de charbon en provenance de Russie puisque l’économie allemande, comme celle d’autres pays européens, était trop dépendante de cette source d’énergie.

Pas moins de 45 % des importations de gaz naturel européennes proviennent actuellement de la Russie. L’Allemagne est l’un des pays dépendant le plus du gaz russe, qui couvre 40 % de ses besoins.

Une plateforme de la compagnie russe Lukoil en mer Caspienne.

Une plateforme de la compagnie russe Lukoil en mer Caspienne.

Photo : Reuters / Maxim Shemetov

Berlin a déjà activé un plan d’urgence qui pourrait se traduire par un rationnement du gaz fourni aux entreprises si les réserves diminuaient trop.

Cette démarche a été accélérée par le retrait de Gazprom du marché allemand. La compagnie gazière russe avait construit les gazoducs Nord Stream 1 et 2 reliant directement la Russie à l’Allemagne. Le deuxième gazoduc n’a toutefois pas été homologué en raison de la guerre en Ukraine, notamment.

En dépit de la sortie de Mme Lambrecht, le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a réaffirmé la position de son gouvernement, dimanche soir, sur la chaîne ZDF. M. Habeck a indiqué que l’Allemagne s’employait à réduire sa dépendance aux sources d’énergie russes, mais qu’elle ne pouvait pas s’en passer totalement dans l’immédiat.

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La ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, réclame elle aussi le durcissement des sanctions contre la Russie. Elle n’a toutefois pas évoqué le secteur de l’énergie.

Les responsables de ces crimes de guerre doivent rendre des comptes. Nous allons durcir les sanctions contre la Russie et nous aiderons encore davantage l’Ukraine à se défendre elle-même, a-t-elle déclaré sur Twitter.

L’Union européenne travaillait déjà à la mise en place de nouvelles sanctions contre Moscou. Le commissaire à l’économie, Paolo Gentiloni, a toutefois indiqué, samedi, que les nouvelles mesures ne concerneraient pas le secteur de l’énergie.

Une longue liste de sanctions

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février dernier, l’Union européenne a mis en place une série de sanctions contre Moscou.

Sur le plan individuel, elle a gelé les avoirs et imposé des restrictions d’entrée sur son territoire à 877 personnes et 62 entités. Le président Vladimir Poutine, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, les députés de la Douma d’État russe ainsi que plusieurs oligarques, dont Roman Abramovitch, font partie de cette longue liste.

Sur le plan commercial, l’UE a interdit l’importation de marchandises de la Russie et l’exportation de certains biens et technologies qui pourraient contribuer à ses capacités en matière de défense et de sécurité, comme le fer et l’acier. Les exportations dans le secteur du raffinage de pétrole sont également suspendues.

Sur le plan financier, l’UE a limité l’accès aux marchés primaire et secondaire des capitaux de l’UE pour certaines banques et entreprises russes, et a interdit d’effectuer des transactions avec la Banque centrale russe. Certaines banques russes ont aussi été exclues du système SWIFT.

L’UE a aussi fermé son espace aérien à tous les aéronefs de propriété russe et immatriculés en Russie.



Reference-ici.radio-canada.ca

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