Les pêcheurs de hareng et de maquereau digèrent mal la suspension de leur saison


Le ministère des Pêches et des Océans interdit la pêche au hareng du printemps du sud du golfe et au maquereau dans les eaux côtières des provinces de l’Atlantique et du Québec. L’objectif de cette mesure est de protéger les stocks.

« Ça a été une surprise, une méchante claque dans la face, surtout quand tu t’attends pas à ça. »

— Une citation de  Hervé Mallet, capitaine
Le capitaine Hervé Mallet, à bord du Hugo M, accompagné de son frère Denis.

Le capitaine Hervé Mallet, à bord du Hugo M, accompagné de son frère Denis.

Photo : Gracieuseté Hervé Mallet

Hervé Mallet, de Le Goulet dans la Péninsule acadienne, pêche uniquement le hareng et le maquereau. Lui et plusieurs de ses collègues sont secoués.

Là, on se demande ce qu’on va faire avec toutes les coupures qui ont été faites, lance-t-il. Normalement, on pêche le hareng du printemps, ensuite le maquereau puis ensuite le hareng d’automne. On est en train de se poser de sérieuses questions. Si jamais ils ferment la pêche au hareng l’automne, c’est fini pour nous. Il n’y a plus rien.

La pêche commerciale d’automne au hareng – qui représente la majorité des débarquements pour cette espèce – reste par ailleurs ouverte pour l’instant.
La ministre des Pêches et Océans n’a pas encore pris de décision sur cette question.

Certains songent à abandonner la pêche

Le pêcheur Alain Caissie d’Inkerman Ferry songe à tout abandonner.

Pour mon entreprise, ça veut dire qu’elle va rester sur le sec, avance-t-il. Je ne sais pas ce qui va arriver avec ça. Je vais peut-être bien amener ça chez nous et laisser ça sur le côté. Qu’est-ce que tu veux que je fasse avec ça? On n’a pas d’aide de nulle part.

Des harengs.

Des harengs

Photo : Associated Press / Robert F. Bukaty

Son confrère, Andrew Stewart de Miscou, vient d’acheter un nouveau bateau pour pêcher, justement, le hareng. Il se demande aujourd’hui s’il a bien fait.

Je me suis acheté ça en pensant que j’allais pêcher cette année. Là, il n’y a plus de pêche et il n’y a plus rien. J’ai tout acheté ça. Là, je me suis toute équipé en neuf avec des filets pis toute. Je vais dire comme le gars, on va se retrouver dans le trou pour un boute.

Élie Dugas, un pêcheur de Pointe-Canot, se retrouve un peu dans la même situation après sa mésaventure de l’an dernier.

Ce n’est pas facile ce qui se passe là. Comme moi l’automne passé j’ai fait un naufrage. J’ai perdu mon bateau à Miscou. J’ai été obligé de me racheter un bateau, me faire financer. Là je fais faire quoi si on n’a rien?

Quelles solutions?

Les pêcheurs se demandent si le gouvernement fédéral va leur venir en aide.

Serge Cormier en entrevue par webcam.

Serge Cormier, député fédéral d’Acadie-Bathurst, en entrevue le 24 mars 2022.

Photo : Radio-Canada

En entrevue à Radio-Canada, le député libéral fédéral d’Acadie-Bathurst Serge Cormier a évoqué une possible démarche de rachats de permis.

Puis, il se demande si l’Union des pêcheurs de Maritimes serait en mesure d’aider ces pêcheurs quand il s’agit d’attribuer ses quotas de crabe.

Un effet domino sur les prix

Et ce ne sont pas que les pêcheurs qui sont touchés : cette nouvelle a un effet sur toute la chaine.

Le fournisseur Can Am Bait, à Richibouctou, qui fournit des appâts aux pêcheurs de homard et de crabe, va devoir s’ajuster à la situation rapidement, explique le directeur général Samuel LeBlanc.

L’entreprise va devoir importer davantage de maquereau d’Espagne, d’Écosse ou des États-Unis. Il est certain que cette situation va faire augmenter les prix des appâts pour les crabiers et les homardiers.

Plusieurs personnes dépendent de la pêche au maquereau et au hareng, insiste-t-il. Ça va affecter beaucoup de monde.

Avec les informations de Mario Mercier et de Nicolas Steinbach



Reference-ici.radio-canada.ca

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