Les finances de Postes Canada dans le rouge pour une 4e année consécutive


Ce n’est pas la première fois que le spectre des coupes budgétaires hante Postes Canada.

Il y a une dizaine d’années, alors qu’elle voyait ses revenus de la livraison de courrier fondre, le gouvernement Harper a commencé à implanter des boîtes postales communautaires pour remplacer la livraison à domicile.

Cette réforme a été suspendue quand Justin Trudeau est arrivé au pouvoir. Or, quelques années plus tard, Postes Canada continue de faire face à des défis financiers.

L’institution compose avec plusieurs facteurs aggravants. En 2018, elle a perdu des millions de dollars dans un conflit de travail avec le syndicat des travailleurs et travailleuses de la poste.

Ensuite, la demande pour les livraisons de colis a continué de grimper, surtout depuis le début de la crise sanitaire. Or, ces produits sont plus coûteux à livrer, et n’ont pas suffi à compenser les nombreuses dépenses occasionnées par la pandémie.

Dans un rapport annuel, Postes Canada explique que le nombre d’adresses à desservir continue d’augmenter alors que le nombre d’articles à livrer continue de baisser.

Finalement, Postes Canada doit continuer de rivaliser avec d’autres entreprises de livraison plus efficaces et moins coûteuses, comme celles du géant Amazon.

Le gouvernement tâte le terrain

Postes Canada est une société d’État financièrement autonome. Lorsqu’elle affiche des pertes, elle puise dans des fonds de réserve et des lignes de crédit.

Par exemple, en 2020, le gouvernement fédéral a accordé une ligne de crédit d’urgence de 100 M$ à Postes Canada pour l’aider à respecter ses obligations financières.

Dans le cadre du sondage de décembre dernier, le bureau des Services publics et de l’Approvisionnement demande aux répondants si le gouvernement devrait continuer de financer Postes Canada, ou si la société devrait être restructurée pour devenir plus rentable.

Les questions qui suivent demandent aux répondants s’ils s’opposent ou s’ils appuient certaines mesures de réduction des coûts.

L’attaché de presse de la ministre Filomena Tassi, Olivier Pilon, précise que cette recherche sur l’opinion publique a été menée pour mieux comprendre les opinions des Canadiens sur cette société d’État.

Il ajoute que les questions posées ne sont pas indicatives de la direction que le fédéral compte prendre dans le dossier.

Or, pour le député de Timmins—Baie James, Charlie Angus, les questions posées suggèrent que le gouvernement compte réduire les coûts plutôt qu’investir pour que la société devienne plus rentable au long terme.

Un politicien devant une maison avec des documents électoraux.

Charlie Angus est député de Timmins-Baie James.(Archives)

Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

Le gouvernement fait toujours attention lorsque vient le temps de parler de compressions, observe-t-il.

« [Ce sondage] met la table pour tenter de justifier des réductions de service, surtout dans les milieux ruraux. »

— Une citation de  Charlie Angus, député néo-démocrate de Timmins—Baie James

La formulation des questions est injuste, selon lui. Elle influence le résultat du sondage en ne présentant pas la large gamme d’options qui existent pour Postes Canada.

Réaction froide de Postes Canada et de son syndicat

Postes Canada n’a pas lancé ce sondage et n’y a pas participé, explique la porte-parole Valérie Chartrand dans un courriel à Radio-Canada.

Elle précise également que la société d’État mène ses propres sondages, mais que ceux-ci sont plus typiques des sondages auprès des consommateurs pour obtenir des commentaires et apporter des améliorations.

Un facteur qui marche avec son courrier dans la tempête de neige.

Postes Canada emploie plus de 60 000 personnes. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-François Fortier

De son côté, la présidente du syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, Jan Simpson, raconte avoir été très préoccupée d’apprendre que le gouvernement fédéral sonde la population sur des mesures de compression.

Nous allons lutter pour nous assurer de maintenir et élargir nos services, affirme-t-elle.

Repenser Postes Canada

Depuis 2016, le syndicat mène une campagne pour repenser l’offre de service de Postes Canada, pour inclure plus de services auprès des aînés et des jeunes familles.

Dans le cadre de cette campagne, ils ont également mené leur propre sondage auprès d’un échantillon de Canadiens, avec des questions en lien avec l’empreinte de carbone de la société d’État et le type de services offerts.

Sherena sourit à la caméra.

Sherena Hussain est avocate de formation.

Photo : Sherena Hussain

Postes Canada est dans une position unique, rappelle Sherena Hussain, chargée de cours à l’Université York et fondatrice d’un cabinet d’experts académiques. Elle peut livrer à presque toutes les adresses au Canada.

La société d’État a également bâti une infrastructure importante à travers les années, avec ces véhicules, ces bâtiments et ces employés, poursuit-elle.

Mme Hussain admet que Postes Canada fait face à un défi de taille pour repenser ses services et garantir sa rentabilité au long terme. Les Canadiens répondent négativement à certains changements proposés.

Elle estime toutefois qu’avec des investissements immédiats pour réduire certains coûts liés à l’infrastructure – comme transitionner vers une flotte de véhicules électriques – pourrait aider à rendre Postes Canada plus profitable au long terme.



Reference-ici.radio-canada.ca

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