Le tireur de Portapique a convaincu des gens de ne rien dire sur sa voiture de police | Tuerie de Portapique : la Nouvelle-Écosse en deuil


De nouveaux documents publiés lundi par la Commission des pertes massives détaillent comment le tireur a créé la réplique d’une voiture de police et comment il a rassemblé d’autres accessoires, comme des uniformes de policiers.

Il a raconté des histoires à des voisins, des amis, des étrangers et des patients de sa clinique de prothèses dentaires sur la façon dont il utilisait la réplique du véhicule comme une voiture de spectacle pour honorer les policiers morts en fonction ou comme accessoire dans un film qu’il tournait sur l’apocalypse.

Le tireur a aussi raconté qu’il était un policier à la retraite et qu’il voulait effrayer les cambrioleurs qui voudraient s’introduire à son chalet de Portapique.

Il ne le cachait pas, je peux vous le dire, déclare Max Liberatore, le responsable de l’entrepôt de surplus fédéral où le tireur a acheté ses voitures désaffectées de la Gendarmerie royale du Canada.

Bien sûr, tu ne penses pas qu’il va faire ce qu’il a fait. C’est la dernière chose à laquelle tu penserais.

Montage photo des visages de 22 personnes disposés sur quatre rangées.

Les 22 personnes tuées dans le massacre survenu les 18 et 19 avril 2020 à Portapique, Wentworth, Debert et Shubenacadie, en Nouvelle-Écosse.

Photo : Radio-Canada

Pendant la majeure partie du massacre qui a commencé dans la petite communauté rurale et a fait 22 morts, le denturologiste de 51 ans a conduit un véhicule de police désaffecté qu’il avait acheté sur un site d’enchères du gouvernement fédéral le 27 juin 2019, pour 10 990 $.

Cette réplique était l’une des trois voitures Ford Taurus déclassées enregistrées sous la société du tireur, Berkshire Broman Corporation.

Deux véhicules étaient des modèles 2013 et la réplique était un modèle 2017, mais n’avait pas de plaque d’immatriculation. Il y avait une quatrième voiture Taurus 2013, mais cette voiture n’a pas été enregistrée selon le résumé de la commission.

Les restes d'une voiture calcinée

Le tireur a incendié plusieurs maisons, dont la sienne à Portapique.

Photo : CBC/Steve Lawrence

Lorsque les voitures de la Gendarmerie royale du Canada sont retirées du service de police, elles sont dépouillées de toutes les décalcomanies en vinyle avant d’être mises aux enchères, explique Max Liberatore.

Il ajoute qu’il était au courant que le tireur ajoutait des décalcomanies à l’une des voitures pour créer une réplique véridique.

Lorsqu’il lui a demandé pourquoi, le tireur a déclaré qu’il voulait honorer les trois policiers de Moncton tués par un homme armé en 2014. Il avait l’intention disait-il de montrer les policiers à l’aide de décalcomanies sur le capot de la voiture.

J’ai trouvé ça plutôt bien, se souvient Max Liberatore.

Le tireur n’a jamais essayé d’acheter des décalcomanies dans l’entrepôt de surplus, et Max Liberatore n’a jamais transmis l’information au gouvernement fédéral ni à la GRC.

Amanda Byrd, avocate de la commission, rappelle qu’il existe des lois fédérales et provinciales qui rendent illégal le fait de se faire passer pour un policier ou d’utiliser des badges, des uniformes ou du matériel de police.

Un véhicule sur une image de caméra en noir et blanc.

Une vidéo de surveillance du centre de service de Dave sur la route Plains à Debert montre ce que l’enquête considère comme la réplique de voiture de police du tireur.

Photo : Gracieuseté : Commission des pertes massives

En Nouvelle-Écosse, la nouvelle loi sur la gestion de l’identité policière devrait entrer en vigueur le 12 mai. L’avocate explique que la loi interdira la vente, la reproduction ou la possession d’articles émis par la police par un individu ou pour quelqu’un d’autre.

La loi empêchera aussi la vente de véhicules de police marqués et limitera la possession d’autocollants de véhicules et d’équipements de véhicules de police aux personnes autorisées.

Déjà en Nouvelle-Écosse, les anciennes voitures de la GRC ne sont plus vendues après leur mise hors service et sont plutôt entreposées ou détruites.

Réplique de voiture vue chez le concessionnaire

L’histoire du tireur sur le fait d’honorer les policiers morts au combat a été répétée à diverses personnes, y compris des membres de la famille de la conjointe du tireur, Lisa Banfield.

Chaque fois que quelqu’un le questionnait sur l’aspect légal, il répondait qu’il avait l’autorisation ou que ça n’avait pas d’importance parce qu’il ne les conduisait pas.

Mais certaines personnes ont vu le tireur conduire la réplique de sa voiture de police dans les mois qui ont précédé le massacre.

Bruce Gilmore est l’un d’eux. Il travaillait au concessionnaire Mercedes à Halifax qui s’occupait de l’entretien de l’une des voitures du couple.

Il dit avoir vu le tireur déposer Lisa Banfield chez le concessionnaire vers la fin janvier 2020 dans une voiture de patrouille.

Lorsque Bruce Gilmore a demandé comment il pouvait conduire cette voiture légalement, le tireur lui a dit que c’était juste un passe-temps et qu’il était connu pour le faire.

J’ai pensé, fin de l’histoire, a raconté Bruce Gilmore à la commission.

Si vous avez le feu vert pour le faire, ce ne sont pas mes affaires.

Question sur la voiture à la GRC

Quelques mois avant l’observation au concessionnaire, un commissaire au quartier général de la GRC en Nouvelle-Écosse a rencontré le tireur. Dans une déclaration à la police, Bob Dentremont dit que le tireur était venu demander à enregistrer une voiture de police simulée, mais le commissaire lui a dit qu’il ne pensait pas que c’était autorisé.

Bob Dentremont a téléphoné à un superviseur et a tendu le téléphone au tireur.

Celui à qui il parlait au quartier général lui a dit non, raconte Bob Dentremont.

Les documents de la commission notent que le sergent-major qui lui aurait parlé a pris sa retraite plus tard en 2019, et un autre rapport viendra plus tard.

Lors de la création de la réplique, le tireur a fait fabriquer des décalcomanies dans un magasin d’enseignes à Truro, en Nouvelle-Écosse. Un des employés du magasin, Peter Griffon, les a imprimés à l’insu de son patron.

Peter Griffon vivait à Portapique en liberté conditionnelle, après avoir purgé une peine pour des crimes liés à la drogue et au crime organisé.

La Commission des libérations conditionnelles du Canada a découvert qu’il avait d’abord menti à la GRC au sujet de l’impression des décalcomanies, et elle l’a renvoyé en prison.

Une image expliquant comment recréer une voiture de police de la GRC.

Des documents mis en ligne pour des appels d’offres fédéraux en 2014 et 2018 ont fourni des informations détaillées sur les autocollants destinés aux véhicules de la GRC.

Photo : Services publics et Approvisionnement Canada

Le tireur a aussi acheté divers accessoires pour la voiture sur des sites web comme Amazon ou eBay. Il a également acheté du vinyle brut qui pourrait ensuite être transformé en décalcomanies auprès d’une entreprise de Dartmouth, appelé ND Graphics.

Angela Baker, une des employées, a dit à la police qu’elle avait dit au tireur qu’il ne pourrait pas conduire la voiture une fois que celle-ci ressemblerait à une réelle voiture de police. Le tireur avait acquiescé en disant que c’était juste pour le spectacle.

L’uniforme vient probablement de son oncle

Les documents de la Commission des pertes massives contiennent des détails contradictoires sur la façon dont le tireur a obtenu l’uniforme de la GRC qu’il avait dans la voiture avec lui lors de la fusillade.

Il avait le pantalon à rayures jaunes et la chemise blanche.

Lisa Banfield dit que c’était l’ancien uniforme de son oncle. Toutefois, le policier à la retraite Chris Wortman, l’oncle du tireur, dit qu’il ne les a pas donnés à son neveu.

Par contre, il admet lui avoir donné son uniforme rouge et ses bottes brunes. Il ajoute que son neveu aurait pu prendre l’autre uniforme lors d’une visite.

La commission note qu’il n’y a pas de preuve que le tireur a porté le pantalon de la Gendarmerie royale du Canada pendant la fusillade. Il portait un jean noir lorsqu’il a finalement été tué par la police dans une station-service d’Enfield.

Les audiences publiques de l’enquête de cette semaine se tiennent à l’hôtel Prince George au centre-ville d’Halifax, tout près de l’emplacement principal de la commission au Centre des congrès d’Halifax.

Avec les informations de Haley Ryan de CBC



Reference-ici.radio-canada.ca

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