Le « génocide » évoqué par Biden n’est pas une détermination légale, dit Washington | Guerre en Ukraine



Le président s’est exprimé sur ce que nous voyons tous, ce qu’il estime clair comme le jour par rapport aux atrocités perpétrées sur le terrain, a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, pressée de questions sur les propos tenus la veille par Joe Biden.

Comme il l’a également noté hier, évidemment, il y aura un processus juridique […] pour déterminer formellement si les actes commis atteignent le niveau de génocide, a-t-elle ajouté.

Jusqu’à présent, l’administration Biden, à la Maison-Blanche, au département d’État ou au Pentagone, avait soigneusement évité le terme génocide.

C’est la troisième fois en moins d’un mois que la Maison-Blanche est appelée à clarifier des propos du président américain sur la guerre menée en Ukraine par la Russie alors que sa rhétorique va plus loin que la politique officielle des États-Unis adoptée par son administration.

Une reporter de CNN a même demandé à Mme Psaki s’il faudrait apposer un astérisque sur ses déclarations.

Quand le président a fait campagne, il a promis au peuple américain […] qu’il leur parlerait franchement. Ses commentaires d’hier, non pas une, mais deux fois, ceux sur les crimes de guerre reflètent parfaitement cela. Ce qui est indiscutable, c’est l’horreur : le fait de prendre pour cibles des civils, des hôpitaux, même des enfants, a-t-elle répondu.

Mardi, le président avait pour la première fois employé le terme génocide, presque comme une parenthèse, pour parler des agissements des troupes russes, au cours d’une allocution sur l’inflation dans une usine d’Iowa.

Votre budget familial, votre capacité à faire le plein, rien de tout cela ne devrait dépendre du fait qu’un dictateur déclare la guerre et commette un génocide à l’autre bout du monde, avait glissé Joe Biden.

La porte-parole de la Maison-Blanche a éludé la question sur une possible improvisation de sa déclaration.

« Il est le président des États-Unis et le leader du monde libre, et il a le droit de faire connaître son point de vue quand il le souhaite. Nous ne devrions pas nous méprendre sur qui il est et où il se situe dans le mât totémique – c’est-à-dire tout en haut. »

— Une citation de  Jen Psaki, porte-parole de la Maison-Blanche

Au cours des dernières semaines, Joe Biden a traité son homologue russe de « criminel de guerre », presque à la volée, avant que le département d’État ne détermine par ses enquêtes si la Russie commettait des crimes de guerre en Ukraine.

De façon impromptue, il a par la suite affirmé, à la fin d’un discours prononcé devant les troupes américaines en Pologne, que le président russe Vladimir Poutine ne pouvait « pas rester au pouvoir ».

Dans les deux cas, la Maison-Blanche avait dû rétropédaler dans les jours suivants. Lui-même a précisé que son administration ne prônait pas un changement de régime, ajoutant que ses propos reflétaient sa propre « indignation morale ».

Pas de position unanime de l’Occident

Si le premier ministre canadien Justin Trudeau a emboîté le pas au président Biden, mercredi, en affirmant qu’on pouvait de plus en plus parler de génocide, le président français Emmanuel Macron a mis en garde contre une « escalade des mots ».

Beaucoup plus tranché, le président polonais Andrzej Duda, qui dénonce depuis plusieurs jours déjà un génocide, a plutôt argué que le mot guerre était trop faible pour décrire ce qu’il a appelé du terrorisme.

Sans surprise, le Kremlin a pour sa part exprimé son désaccord catégorique sur le jugement posé par Joe Biden.

Nous considérons que de telles tentatives de déformer la réalité sont inacceptables, d’autant plus qu’elles viennent du président des États-Unis, pays dont les agissements dans l’histoire récente sont bien connus, a répliqué son porte-parole, Dmitri Peskov.

Bombardement de zones civiles ciblant des écoles, des hôpitaux, des garderies et des quartiers résidentiels, actes de torture, meurtres délibérés de civils, viols, même d’enfants : les témoignages de civils ukrainiens et les nombreux reportages des médias internationaux dépeignent jour après jour une réalité horrible.

Au début du mois, le premier ministre britannique Boris Johnson a estimé que les horreurs de Boutcha, où les Russes semblent avoir exécuté des civils, n’étaient pas loin d’un génocide.

S’ils n’ont pas franchi ce pas, plusieurs pays parlent cependant désormais sans détour de crimes de guerre.

Pour qu’il y ait génocide, reconnu par le droit international, il faut notamment, selon l’Organisation des Nations unies, qu’il y ait une intention de détruire le groupe visé, ce qui, disent les experts, est très difficile à prouver.



Reference-ici.radio-canada.ca

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