On m’avait demandé il y a un an si j’étais intéressé, j’avais dit oui. Mais je devais d’abord terminer mon mandat ici parce que je venais de renouveler mon mandat en Estrie
, explique-t-il.
Le médecin rappelle qu’il était prévu que son séjour à la tête de la santé publique estrienne soit temporaire, puisqu’il visait d’abord et avant tout à assurer la direction en attendant de trouver une recrue, un remplaçant
.
« Pendant l’été dernier, j’ai fait des entrevues à droite à gauche. C’était mon mandat quand je suis arrivé en 2019, mais avec la COVID, je ne m’étais pas investi à ce niveau-là. »
Le Dr Poirier refuse de dévoiler l’identité de cette personne, se bornant à souligner qu’une annonce sera faite d’ici quelques jours.
Un travail inachevé
Le Dr Poirier soutient qu’il avait un intérêt particulier pour les populations nordiques et pour améliorer leur santé. On fait toujours ça quand on est en santé publique. On s’intéresse à des groupes plus vulnérables. Peut-être qu’ils ont plus de facteurs de risque. On sait que la santé autochtone n’est pas aussi bonne que le reste des Québécois.
« J’avais déjà dit cela publiquement que c’était un de mes défis non réalisés comme directeur national. Qu’on n’avait pas réussi vraiment, et ce n’est pas toujours simple à cause de toutes sortes d’enjeux, à faire progresser la santé de nos Québécois d’origine autochtone. »
À l’origine, quand j’ai choisi de faire de la santé publique, c’était aussi parce que je voulais aider sous l’angle de la promotion et de la prévention de la santé des populations éloignées
, ajoute le Dr Poirier.
Entre l’Estrie et la Baie-James, le Dr Poirier remarque d’ailleurs plusieurs similitudes. L’Estrie compte neuf réseaux locaux de services, et la Baie-James a neuf communautés cries. Dans les deux cas, il y a aussi les enjeux de conserver une proximité avec les gens, et d’arrimer les décisions des experts à l’ensemble d’un vaste territoire.
C’est sûr que ça va se concrétiser de façon différente […] mais ces enjeux-là demeurent que ce soit avec les écoles, les commissions scolaires, les garderies, l’environnement… quand on travaille en prévention, ce ne sont pas les gens qui vont à l’hôpital, c’est nous qui allons vers eux
, explique-t-il.
Apprendre pour mieux intervenir
Le Dr Poirier a une longue feuille de route. En plus de son mandat à la tête de la santé publique provinciale, il rappelle qu’il a réalisé plusieurs mandats à l’international, et que ces expériences ont chaque fois été formatrices.
Il avoue qu’il se sent chaque fois comme un imposteur,
car il a l’impression de recevoir beaucoup plus qu’il en donne. Cette fois-ci ne fait pas exception. Même s’il soutient qu’il s’est préparé et qu’il est bien au courant des injustices vécues par les communautés autochtones, il admet qu’il n’a pas vraiment d’expérience sur leurs méthodes de travail et de gestion des soins de santé, ainsi sur leurs difficultés et leurs enjeux.
« C’est la même chose du côté des Cris. Ils vont tout m’apprendre. Je vais écouter beaucoup leurs besoins […] J’ai tout à apprendre en les écoutant et en les visitant. »
Reference-ici.radio-canada.ca