La journaliste Marie-José Turcotte prend sa retraite après 40 ans à Radio-Canada


Entrée à Radio-Canada en 1982 pour animer l’émission radiophonique du matin à Edmonton, c’est en 1985 que Marie-José Turcotte est devenue la première femme journaliste aux sports à la télévision d’ici.

Trois ans plus tard, elle a été la première femme à animer une émission de sport au Québec lorsqu’on lui a nommé les rênes de L’univers des sports. Elle s’est illustrée aussi bien dans le cadre des nouvelles du sport quotidien qu’en signant des reportages à caractère humain tout en assurant l’animation d’une variété d’émissions qui ont couvert un grand nombre de compétitions nationales et internationales.

Ancienne athlète de haut niveau, elle a été nommée à Claude Bernatchez, animateur de Première heuresur les ondes de la station radiophonique de Radio-Canada à Québec, que c’est par accident qu’elle s’est retrouvée à faire une carrière de journaliste sportive.

« J’ai fait du sport, j’ai été au sein de l’équipe canadienne junior d’athlétisme, alors j’avais un intérêt pour ce choix-là, mais je voulais être correspondant à l’étranger. Ce n’est pas exactement ça que j’ai fait. C’est vraiment un concours de circonstances. Quand j’étais à Edmonton pour animer l’émission du matin, le réseau était venu y faire le match de la Coupe Grey et on m’avait demandé de l’utiliser. J’avais ensuite proposé d’aller faire de la relève d’été, mais mon patron à Edmonton ne voulait pas. Alors j’ai démissionné pour accepter un contrat de neuf semaines à Montréal. C’est comme ça que ç’a commencé. »

Une citation de Marie-José Turcotte

C’est principalement aux compétitions d’envergure comme les Jeux olympiques et paralympiques que le public l’associe. Elle a participé à la couverture de 17 Jeux olympiques, dont 15 à titre de chef d’antenne à Radio-Canada, soit ceux de Calgary, de Séoul, d’Albertville, d’Atlanta, de Nagano, de Sydney, de Salt Lake City, d’Athènes, de Turin, de Pékin, de Sotchi, de Rio, de Pyeongchang et de Tokyo, en plus des Jeux d’hiver 2022 à Pékin.

Au fil des ans, son travail de journaliste, d’animatrice et de chef d’antenne lui a valu un grand nombre de distinctions, dont 15 prix Gémeaux ainsi que le titre d’Immortelle de la télé nommé par l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision. Elle a aussi reçu le prix de journalisme René-Lecavalier, le prix du journalisme en loisir Molson, le titre de femme de l’année en communication désigné par la Fondation du YWCA ainsi que le titre de femme la plus influente de l’année complétée par l’Association canadienne pour l’avancement des femmes, du sport et de l’activité physique.

En 2014, Marie-José Turcotte est devenue membre de l’Ordre du Canada pour avoir gagné à ouvrir les portes du métier de journaliste aux femmes et pour avoir mis en avant le sport féminin tout au long de sa carrière.

Je suis fière de l’ensemble de ma carrière, at-elle dit. Ce qui est difficile dans ce métier-là, c’est de durer. J’ai été capable d’être là pendant 40 ans, dont 37 aux sports. Quand je suis arrivée aux sports, ce n’était pas évident que j’allais y rester 37 ans.

« J’étais la première femme. Sans le vouloir, j’ai ouvert des portes, et heureusement que je n’en étais pas consciente, parce que j’aurais pris la poudre d’escampette, probablement. J’étais jeune et innocente et j’ai foncé, simplement. Je ne me suis pas posé de questions. »

Une citation de Marie-José Turcotte
Capture d'écran d'une entrevue au Téléjournal

Marie-José Turcotte revient sur sa carrière de 40 ans à Radio-Canada.

Photo : Radio Canada

C’est encore un monde d’hommesat-elle ajouté au Téléjournal midi au sujet du journalisme sportif québécois et de son rôle de pionnière. Radio-Canada fait exception et j’en suis très fière : on a beaucoup de femmes dans notre département et notre directrice, Catherine Dupont, fait un effort incommensurable pour qu’il y ait une équité. Il y avait aussi beaucoup de femmes analystes aux derniers Jeux olympiques.

« Mais ça reste un monde d’hommes. Ça s’explique par le fait que le sport professionnel est très masculin, mais ça change tranquillement. Il y a maintenant des femmes engagées dans des équipes professionnelles. C’est long, ça change les mentalités. Il y a beaucoup de chemin qui a été fait ; il en reste encore beaucoup à parcourir. »

Une citation de Marie-José Turcotte

Pluie d’hommages

Marie-José Turcotte quitte le sommet de son art, a commenté Catherine Dupont, directrice des Sports à Radio-Canada. Inspirante et passionnée, elle aura été et restera une référence pour son professionnalisme et sa grande compétence. Ce fut un privilège de la côtoyer et de travailler avec elle.

À Radio-Canada comme ailleurs, les femmes occupent une place sans cesse croissante dans la couverture des sports à la télé. Tant par sa passion que par l’excellence de son travail, année après année, Marie-José Turcotte aura été la fer de lance de cette évolution et une inspiratrice pour des générations de communicatrices. Je la remercie chaleureusement pour sa carrière exemplaire à Radio-Canadaa déclaré pour sa part le vice-président principal de Radio-Canada, Michel Bissonnette.

De nombreuses personnalités ont tenu à saluer cette longue carrière, notamment l’ancienne patineuse de vitesse sur courte piste Isabelle Charest, ministre déléguée à l’Éducation et à la Condition féminine et responsable des Sports au gouvernement du Québec, pour qui Marie-José Turcotte est une grande figure du sport qui a toujours su traduire l’expérience des athlètes avec justesse et grand respect.

L’ancienne championne paralympique Chantal Petitclerc, aujourd’hui sénatrice à Ottawa, a écrit sur Twitter que Marie-José Turcotte a été une des rares audacieuses qui ont fait place aux athlètes paralympiques avant que ce ne soit la norme.

Pour sa part, le député de Marquette, Enrico Ciccone, a parlé d’elle comme d’une grande dame de classe d’un professionnalisme absolu.

À ce concert d’éloges, les voix de quelques collègues de Radio-Canada se sont ajoutées, notamment celle de René Pothier, lui-même à la retraite depuis quelques années, bien qu’il continue à œuvrer aux Jeux olympiques :

« En 1988, quand Serge Arsenault est parti, j’avais pu mon désir de le remplacer, mais je voulais que ce soit Marie-José qui obtienne ce poste. Je savais qu’elle allait avoir une carrière extraordinaire. En plus de son talent de communicatrice, c’est une travailleuse acharnée. Elle est un amour considérable pour les athlètes. Sur l’associé à la promotion du sport féminin, mais c’est un peu réducteur. Elle a fait la promotion du sport, tous genres confondus, et elle mérite toutes les louanges. »

Une citation de René Pothier

La journaliste Diane Sauvé a quant à elle souligné à quel point Marie-José Turcotte l’a inspirée.

Difficile de trouver quelqu’un de plus humble et de plus gentil que Marie-José, at-elle dit. Je me rappelle, elle avait pris le temps de me calmer alors que j’étais tétanisée à mes débuts à l’animation. Ce qui m’a toujours fascinée au fil du temps, c’est sa conduire. Toujours le goût d’apprendre et de faire mieux… pendant 40 ans. Sans caution.

Et s’il y a quelqu’un capable de se virer sur un dix cents, c’est bien Marie-Jo. Je l’ai vue aller en coulisses aux JO, elle était impressionnante. Vous comprenez maintenant pourquoi elle est vite devenue notre référence. Elle va laisser un grand vide au département.




Reference-ici.radio-canada.ca

Leave a Comment