Immigration francophone en Atlantique : la voix des communautés doit être entendue


Cette cible nationale devra néanmoins tenir compte des particularités propres à chaque province et territoire, souligne Martin Théberge, président de la Société nationale de l’Acadie. Il semble d’ailleurs évident que l’atteinte des objectifs fixés ne pourra être accomplie sans l’implication des communautés francophones, notamment dans les provinces de l’Atlantique.

C’est pourquoi la Société nationale de l’Acadie demande au gouvernement fédéral de miser sur les forts liens qu’elle a su tisser au fil des ans avec d’autres pays francophones, qui estime par ailleurs que ses compétences en diplomatie internationale sont écartées des programmes d’immigration déployés par Ottawa.

Ce contexte en vase clos est d’autant plus regrettable que le succès de l’immigration francophone dépend en grande partie de la promotion de la région, se désole Véronique Mallet, directrice générale de la Société nationale de l’Acadie. Malheureusement, le gouvernement fédéral a coupé les moyens de faire ce travail. Il y a vraiment un arrimage des stratégies qu’on a besoin de voir de [sa] part, exhorte-t-elle.

Martin Théberge croit quant à lui qu’il est temps d’aller de l’avant avec des programmes atlantiques et des programmes canadiens qui reconnaissent la particularité du peuple acadien.

Tendre l’oreille aux besoins des municipalités

En plus de créer un programme distinct pour l’immigration économique francophone, la Fédération des communautés francophones et acadienne recommande au gouvernement de Justin Trudeau d’impliquer davantage les communautés francophones hors-Québec. Une recommandation saluée par Pascal Reboul, directeur général de l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick.

Pascal Reboul.

La question du logement doit également faire partie des discussions pour un accueil réussi des nouveaux arrivants francophones, appuie Pascal Reboul.

Photo : Radio-Canada / François Vigneault

On dit souvent qu’on fait des projets par et pour les francophones. […] Les communautés connaissent leurs besoins, et le fait de les impliquer, ça permet déjà, peut-être, de créer de meilleurs liens, et d’assurer une meilleure rétention. C’est la deuxième portion du problème : on veut les faire venir, mais on veut les garder, expose Pascal Reboul, directeur général de l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick.

Il remarque qu’il existe parfois un décalage entre les nécessités en matière de main-d’œuvre et les nouveaux arrivants. Si les gens arrivent dans une région où il y a déjà un emploi qui leur est réservé, avec une communauté qui les attend et qui est prête à les recevoir, ça peut, peut-être, débloquer les choses, poursuit-il.

« Il faudrait que les communautés aient leur mot à dire. C’est important dans l’accueil, l’intégration, et à terme, la rétention. »

— Une citation de  Pascal Reboul, directeur général de l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick

Il mentionne au passage le projet pilote de la Communauté francophone accueillante, une initiative fédérale dont l’objectif est de soutenir l’accueil des personnes nouvellement établies.

Au Nouveau-Brunswick, cette initiative a pris forme uniquement dans la région du Haut-Saint-Jean, qui rassemble la Ville d’Edmundston, la communauté rurale du Haut-Madawaska ainsi que la Première Nation Wolastoqey du Madawaska.

S’il espère voir ce projet se déployer à l’échelle provinciale, il y voit un bémol, celui d’agir une fois que les gens sont là. Après, c’est comment on fait venir des gens dans ces régions-là.

Moncef Lakouas, directeur général du Conseil multiculturel du Nouveau-Brunswick, ne cache pas qu’il s’agit d’un défi pour les localités rurales, qui demeure tout de même surmontable. Il n’y a qu’à penser au village de Saint-Isidore, dans le nord-est de la province, qui s’apprête à convier 40 familles marocaines d’ici cet été.

« C’est un effort collectif, pas juste au niveau de la province [mais aussi] au niveau des compagnies, des agences d’établissement, de la société civile, pour que tout le monde se dote d’un projet de société où l’immigrant se sent chez lui d’une certaine façon. »

— Une citation de  Moncef Lakouas, directeur général du Conseil multiculturel du Nouveau-Brunswick

La question du logement et des transports sera également centrale dans la préparation de l’accueil de nouveaux arrivants, conclut Pascal Reboul.

Un centre fédéral pour l’immigration francophone attendu à la fin 2022

Le Nouveau-Brunswick entend toujours atteindre son objectif de 33 % en matière d’immigration francophone d’ici 2024. À l’heure actuelle, la proportion de candidats d’expression française est de 28 %, a indiqué par courriel le porte-parole d’Opportunités Nouveau-Brunswick.

L’été dernier, le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, avait annoncé en grande pompe l’ouverture d’un Centre fédéral pour l’immigration francophone dans le Sud-Est. Cette présence du ministère de l’Immigration du Canada dans la province tendra à faciliter l’accès aux dossiers d’immigration, tout en créant un milieu propice à la recherche sur les enjeux de la francophonie en milieu minoritaire.

Selon les dernières informations transmises par le cabinet du ministre, l’inauguration de ce centre est prévue d’ici la fin de l’année.



Reference-ici.radio-canada.ca

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