Il redécouvre la Ligue américaine pour apprendre le métier d’entraîneur | Vous avez vu?


Après 15 saisons et plus de 1000 matchs dans la LAH et un détour de trois ans en Allemagne, Maxime Fortunus est de retour dans cette ligue.

Est-ce que les longues balades en autobus lui manquaient à ce point? Le Québécois éclate de rire. Heureusement pour lui, les Stars du Texas, basées à Cedar Park, en banlieue d’Austin, ont perdu leurs principaux rivaux géographiques au cours des dernières années.

L’équipe, la plupart du temps, se déplace donc aujourd’hui en avion. La dépendance à l’autobus n’est donc pas la principale raison de la présence de l’ancien hockeyeur de 38 ans derrière le banc d’une équipe de la Ligue américaine, quelques mois à peine après avoir mis un terme à sa carrière de joueur.

Au hockey, on dit souvent qu’être entraîneur, c’est le deuxième meilleur travail du monde après celui de jouer, dit Fortunus. Le stress pendant le match est bien présent. Tu veux tellement gagner, sauf que tu ne peux pas aller sur la patinoire. Quand tu vois tes joueurs mettre en pratique ce que tu leur as montré, c’est vraiment agréable.

Et la destination n’est pas le fruit du hasard. Il a joué six saisons à Austin et c’est ici que ses trois enfants sont nés.

Il a même pu soulever la coupe Calder, le Saint Graal de la Ligue américaine, en 2014 en tant que capitaine des Stars. Ce championnat lui a valu un respect de la part des amateurs de hockey de la région.

La région d’Austin est aussi un marché vivant pour le sport. Les foules oscillent entre 5000 et 6800 spectateurs selon John Peterson, le responsable des communications et descripteur des matchs de l’équipe.

Lors du passage de Radio-Canada Sports, l’aréna était rempli à 80 % de sa capacité et le public, fort en voix.

La transition se passe très bien, a confié le Québécois après une victoire contre les Admirals de Milwaukee à la fin du mois de mars. C’est quand même un ajustement de revenir au Texas six ans après l’avoir quitté. C’est vraiment un changement de style de vie. Il y a une grosse différence entre être joueur et entraîneur.

Si la longueur de ses journées à l’aréna a considérablement augmenté, si son cerveau est toujours en recherche de solutions quant aux systèmes de jeu, l’homme, lui, n’a pas changé.

Il était un défenseur fiable, mais discret sur la glace. Il semble avoir conservé ses traits de caractère derrière le banc. Durant un match, il est très concentré, mais parle très peu aux joueurs devant lui.

Le joueur de hockey, vêtu d'un uniforme blanc, vert et noir, manie la rondelle lors d'un match.

Maxime Fortunus

Photo : Stars du Texas

Je suis assez posé et j’essaie surtout de partager des détails techniques ici et là. Ce n’est pas moi qui vais commencer à crier. Je n’étais pas comme ça comme joueur et j’essaie de garder un peu la même philosophie en tant qu’entraîneur. Je suis en train d’apprendre beaucoup la vie d’entraîneur, j’apprends à contrôler un banc aussi, ajoute-t-il.

Il est réservé Max, confirme Jeremy Grégoire, le seul autre francophone de l’organisation. Tu dois aller lui poser des questions si tu en as et c’est parfait comme ça pour un entraîneur de première année. Il travaille fort, il est proactif et on adore ça. Plus il aura d’années d’expérience derrière la cravate, plus il aura son mot à dire.

On a des parcours très semblables parce qu’on est les deux passés par Baie-Comeau dans la LHJMQ et ensuite, j’ai passé pas mal de temps dans la Ligue américaine comme lui. Jouer 1000 matchs dans la LAH, c’est énorme, c’est quasiment des années de chien. On l’agace un peu avec ça. C’est incroyable la longévité qu’il a eue.

En 18 saisons au hockey professionnel, Maxime Fortunus a seulement joué neuf matchs dans la LNH, dont un à Montréal avec les Stars de Dallas en janvier 2010. Il a fait une superbe belle carrière dans la Ligue américaine, surtout qu’il a eu la chance de ne pas déménager trop souvent.

Le style de vie est tellement le fun dans la Ligue américaine, c’est tellement une belle vie. C’est une marche en dessous de la Ligue nationale, mais la chimie dans une équipe de Ligue américaine, c’est quelque chose qui est très unique. Tu peux être vraiment proche de tes coéquipiers. Sur la route, c’est là que tu crées la chimie avec ton équipe.

Un exemple à suivre derrière le banc

Maxime Fortunus, d’origine haïtienne, a toujours été l’un des rares représentants de la diversité, avec notamment son cousin Patrice Bernier, à gravir les échelons du hockey au Québec. Si la diversité se fait rare sur la glace, elle est encore plus derrière le banc et dans les départements hockey des équipes professionnelles.

Lors du dernier grand ménage orchestré par Geoff Molson dans les bureaux du Canadien, le propriétaire avait annoncé son intention de faire une plus grande place à la diversité dans son organigramme hockey.

Verra-t-on un jour Maxime Fortunus derrière le banc du CH ou du Rocket de Laval? L’hypothèse est encore trop lointaine pour le principal intéressé, qui amorce à peine sa carrière d’entraîneur.

Je suis quelqu’un qui aime y aller étape par étape, dit-il. Je n’ai jamais voulu sauter des étapes comme joueur, et c’est la même chose comme entraîneur. J’apprends beaucoup de mes collègues Neil Graham et Travis Morin juste à les écouter interagir avec les joueurs. L’apprentissage à tous les jours, c’est le but pour moi.

Il aimerait bien sûr voir une plus grande diversité sur la glace et derrière le banc. La discussion sur le sujet est essentielle selon lui. Il sera toujours là pour montrer l’exemple ou pour conseiller ceux qui voudront suivre ses traces.

Si une plus grande diversité est essentielle et souhaitable à ses yeux, elle ne doit pas pour autant devenir le premier critère de sélection pour une équipe.

Un joueur de hockey vêtu d'un uniforme vert reçoit un trophée des mains d'un dignitaire au centre de la glace.

Maxime Fortunus avec la coupe Calder

Photo : Stars du Texas

Au cours de sa carrière de joueur, Maxime Fortunus a prouvé sa valeur sur la glace en étant un coéquipier droit et respecté.

Je dis toujours aux gens que les Stars ne m’ont pas engagé pour ça, ils m’ont engagé pour le respect que j’ai démontré quand je jouais ici et parce qu’ils croient que les jeunes peuvent apprendre de mon bagage d’expérience. Mais en fin de compte, il faut engager les bonnes personnes les mieux qualifiées. C’est ce qui importe, pas de savoir d’où elles viennent.

Cela dit, la lutte au racisme est un sujet qu’il faut aborder dans la vie de tous les jours et pas seulement dans le sport. Plus la société en parle, plus l’on apprend à se connaître l’un et l’autre. Il ne faut pas avoir peur de s’ouvrir et de poser des questions.

C’est exactement ce qu’il essaie de faire dans son nouveau métier d’entraîneur.

S’il gravit les échelons comme il semble avoir le potentiel de le faire, il sera un exemple de plus de persévérance dans le monde du hockey, et pas seulement pour les jeunes issus de la diversité.



Reference-ici.radio-canada.ca

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