Des propriétés luxueuses au Canada détenues par des immigrants investisseurs du Québec



Le phénomène avait été révélé par Radio-Canada en 2018 et mené à une suspension de l’analyse des nouvelles demandes au programme une année plus tard, mais il était alors impossible de connaître précisément son ampleur.

La semaine dernière, Statistique Canada a mis en ligne une masse de données en matière de logement au pays. Parmi elles, se cachaient des chiffres cruciaux à la compréhension du problème.

En 2020, 13 000 immigrants investisseurs ayant été sélectionnés par Québec possédaient des propriétés ayant une valeur foncière moyenne totale de 2,4 millions de dollars en Colombie-Britannique, dans la région de Vancouver principalement. Leur revenu familial moyen a de quoi faire sourciller étant donné que le programme est destiné aux millionnaires étrangers : 75 000 $. Un propriétaire sur cinq détenait plusieurs propriétés.

Question de mettre les choses en perspective, la valeur moyenne des logements acquis par les plus de 600 000 immigrants dans cette province de l’Ouest, représentant 32 % des propriétaires, s’établissait à un peu plus de 1,2 million de dollars – la moitié moins. Leur revenu familial atteignait 115 000 $.

Ils ne sont pas considérés comme des investisseurs étrangers, rappelle Andrew Yan, de l’Université Simon Fraser à Vancouver. Ils sont des immigrants avec un accès à des capitaux internationaux. Ces individus n’ont donc pas à payer les taxes immobilières pour les acheteurs étrangers.

S’ils sont somme toute peu nombreux, aux dires du professeur en urbanisme, ces investisseurs peuvent avoir un impact important dans un contexte de surchauffe immobilière, selon l’endroit où ils achètent.

En Ontario, où le marché immobilier torontois était aussi en pleine ébullition en 2020, ils étaient plus de 12 000 immigrants investisseurs du Québec à posséder des propriétés totalisant en moyenne 1,3 million de dollars tout en déclarant un revenu familial de 75 000 $.

« Vous avez, d’un côté, les propriétés les plus chères et, de l’autre, les revenus les plus bas. Je pense que cela vous donne une idée, ou le début d’une idée, de ce qui se passe avec le Programme des investisseurs du Québec. »

— Une citation de  Andrew Yan, directeur du programme d’urbanisme de l’Université Simon Fraser

Absence de données pour le Québec… à cause de Québec

Les informations de Statistique Canada ne permettent pas de savoir ce que les immigrants investisseurs ont acheté au Québec. Le gouvernement provincial tarde mystérieusement à donner son accord pour partager ses données sur les transactions immobilières dans la province.

Nous ne savons pas ce qui s’est produit à Montréal ou à Québec, déplore Andrew Yan. Je pense que c’est une des questions clés.

Un programme en révision

Le Programme québécois des investisseurs, dont la réception de nouvelles demandes est suspendue jusqu’en avril 2023, fait présentement l’objet d’une révision par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.

Les personnes admissibles au programme doivent disposer d’un avoir net d’au moins 2 millions de dollars, effectuer un placement de 1,2 million sur 5 ans auprès d’Investissement Québec et avoir l’intention de s’établir au Québec. En échange, elles obtiennent la résidence permanente.

Mais le faible taux de rétention des immigrants investisseurs dans la province écorche son intégrité. Seulement 16 % des étrangers qui en avaient bénéficié entre 2008 et 2017 étaient encore présents sur le territoire en 2019. Cette statistique tombait à 13 % chez les candidats chinois, majoritaires au sein du programme.

Le ministère soutient poursuivre l’examen des demandes en inventaire et qu’il n’y a pas de volonté de mettre fin au programme.



Reference-ici.radio-canada.ca

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