Des porte-parole inuit satisfaits de nouvelles accusations contre un prêtre français


Jack Anawak et Piita Irniq espèrent que cette fois, le gouvernement fédéral ne laissera pas le père Johannes Rivoire s’en tirer à si bon compte.

Assurons-nous que cela soit pour de vrai cette fois, déclare en ce sens M. Irniq.

L’homme d’Église a travaillé dans de nombreuses communautés du Nunavut dans les années 1960 et 1970, mais est retourné en France à la fin du 20e siècle. Il avait fait l’objet d’accusations d’agressions sexuelles sur enfants, mais celles-ci ont été suspendues en 2017.

Le détachement de la Gendarmerie royale du Canada au Nunavut confirme que M. Rivoire fait face à de nouvelles accusations et qu’un nouveau mandat d’arrêt pancanadien a été lancé à son encontre.

La police précise qu’elle a déposé de nouvelles accusations contre lui le 23 février après avoir enquêté sur une plainte déposée en septembre par une personne qui disait avoir été victime d’abus sexuel il y a 47 ans. À ce stade, aucune décision n’a été prise concernant un ordre d’extradition, ajoutent les forces de l’ordre.

Jack Anawak est assis et regarder en biais avec un léger sourire.

Jack Anawak se dit déçu de ne pas avoir été consulté par la délégation autochtone partie rencontrer le pape à Rome.

Photo : David Gunn / CBC

Pour Jack Anawak, les accusations originelles n’auraient jamais dû être suspendues.

Ils auraient dû continuer jusqu’à ce que l’affaire soit réglée, car les personnes qui ont été victimes des abus ressentent toujours des conséquences très importantes dans leurs vies.

Les deux hommes ainsi que leur ami Marius Tungilik, décédé depuis, ont été parmi les premiers à parler des mauvais traitements qu’ils ont subis au pensionnat Turquetil Hall de Chesterfield Inlet. Ils ont également participé à l’écriture des excuses livrées par l’évêque catholique Reynald Rouleau en 1996 sur les événements qui se sont produits dans l’établissement.

Espoirs pour la délégation autochtone à Rome

En revanche, ni Piita Irniq ni Jack Anawak ne font partie de la délégation de représentants autochtones qui se trouvent actuellement à Rome pour demander au pape François de venir au Canada s’excuser du rôle de l’Église catholique dans l’affaire des pensionnats pour Autochtones.

Nous sommes allés de l’avant, malgré une certaine opposition, en abordant la question du viol, de la violence physique, de la violence psychologique et de la tentative d’assimilation [à Chesterfield Inlet]. Et lorsque nous l’avons fait, tout le processus a commencé à travers le Canada, assure M. Anawak.

C’était une déception que l’on ne nous demande même pas des conseils sur quoi dire au pape durant la visite au Vatican.

Piita Irniq assis devant un ordinateur montrant une photo ancienne d'un enfant.

Piita Irniq avait 11 ans lorsqu’il a été enlevé à ses parents à Naujaat pour être envoyé dans un pensionnat pour Autochtones à Chesterfield Inlet où officiait le prêtre Johannes Rivoire.

Photo : Radio-Canada / Jean Delisle

M. Irniq, pour sa part, affirme que cette exclusion de la délégation lui fait sentir que l’Église a toujours le contrôle. Il dit cependant avoir de grands espoirs sur ce que le groupe dira au nom des survivants et sur l’impact qu’auront des excuses papales officielles et sincères au Canada.

J’ai toujours espoir qu’ils parlent des traumatismes des survivants. Il ajoute qu’avoir été enlevé sous les yeux de ses parents par un prêtre catholique en août 1958 pour être emmené au pensionnat de Chesterfield Inlet à l’âge de 11 ans lui a été très traumatisant, soit un sentiment qu’il retient toujours.

Il ne s’agit pas seulement de l’histoire des Autochtones, dit M. Imiq. C’est l’histoire du Canada, du Vatican, du pape. Il est important qu’on travaille à la guérison et à la réconciliation de nos peuples.

Avec les informations de Cindy Alorut et April Hudson



Reference-ici.radio-canada.ca

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