Des familles ukrainiennes font du Nouveau-Brunswick leur nouveau chez soi


Le 24 février, les résidents d’Odessa se sont réveillés sous une pluie de bombes. Une base militaire, où se trouvaient des femmes, a été ciblée. Aucune d’elle n’a survécu à cette attaque, relate Yuliia Shelekhova, originaire de la région du Donbass, à l’est de l’Ukraine.

À ce moment-ci, personne ne croyait qu’une guerre se pointait à l’horizon, et plusieurs se disaient qu’il valait mieux rester que partir.

« Mes parents sont d’origine russe, mais ma mère patrie, c’est l’Ukraine. »

— Une citation de  Yuliia Shelekhova

Or, le 30 mars, un mois après leur arrivée en Roumanie et malgré l’espoir qui continue de l’habiter, Yuliia décide que le temps est venu de rejoindre son mari à Moncton, où il est chauffeur de camions pour l’entreprise de transport Sunbury depuis plus d’un an.

Artem Shelekhov.

Artem Shelekhov est arrivé au Canada en octobre 2019 et vit à Moncton depuis près d’un an et demi.

Photo : Radio-Canada / Maya Chebl

Une arrivée précipitée

Yuliia et sa fille, Anastasiia, devaient immigrer au Canada cet été. La guerre a toutefois précipité leur arrivée, qui n’aurait probablement pas pu se faire aussi rapidement sans leur visa touristique valide, étant déjà venues en visite au pays.

Depuis mars, le gouvernement fédéral permet aux ressortissants ukrainiens détenteurs d’un visa de résidence temporaire de prolonger leur séjour de six mois à trois ans.

Le délai de traitement pour la prolongation d’un visa est de deux ou trois semaines, ce qui est beaucoup plus rapide que d’obtenir le statut de réfugié, informe Akram Ben Salah, directeur de la Clinique de réfugiés du Nouveau-Brunswick.

Cette mesure spéciale permet également d’obtenir un permis de travail ouvert ou un permis d’étude.

Enseignante au primaire, Yuliia aimerait travailler en éducation une fois qu’elle aura perfectionné sa maîtrise de l’anglais. Toute la famille parle bien l’anglais, sauf moi, dit-elle avec humour dans sa langue maternelle, ajoutant qu’elle n’a aucune crainte pour l’intégration de sa cadette, dont le retour à l’école est prévu en septembre.

Yuliia Shelekhova.

Avant de s’installer à Moncton, Yuliia Shelekhova enseignait à des élèves du primaire dans la ville d’Odessa.

Photo : Radio-Canada / Maya Chebl

S’exprimant dans un anglais confiant, Anastasiia partage des bribes de son quotidien actuel : faire du sport et discuter avec ses amis. Ils sont, pour la plupart, dispersés sur le continent européen. Certains sont en Pologne, d’autres en Moldavie ou même en Italie.

Elle se réjouit maintenant de voir une amitié naître entre elle et une jeune péruvienne de son quartier. Elle pourrait même devenir sa camarade de classe, elle qui fréquentera l’année prochaine l’école Moncton High.

Nous sommes très reconnaissants du soutien qu’apporte le Canada à l’Ukraine, dit Yuliia. Nous allons travailler ici aussi fort que nous le faisions dans notre pays, insiste-t-elle.

Le Club Ukrainien de Moncton est aussi très impliqué dans l’accueil de ces nouveaux arrivants. Avec la municipalité, il tente de créer des réseaux de soutien pour faciliter l’accès à des logements temporaires, à de la nourriture et à des vêtements.

Une famille ukrainienne s’installe à Kedgwick

Clément Arpin, à droite, en compagnie de la famille Ponomarov.

Clément Arpin, à droite, en compagnie de la famille Ponomarov.

Photo : Radio-Canada / Maya Chebl

Dans le nord du Nouveau-Brunswick, une famille ukrainienne, également originaire de la ville portuaire d’Odessa, au bord de la mer Noire, s’est récemment établie à Kedgwick.

Stepan Ponomarov, avec sa femme, Nadiia, et ses filles, Anastasia et Anna, ont fui leur pays peu de temps après le début de l’invasion de la Russie.

Ils ont conduit pendant près de 40 heures avant de traverser la frontière moldave. Un mois plus tard, visa en main, les Ponomarov se sont envolés à Toronto, où habite le frère de Stepan.

C’est une très belle ville, mais ça coûtait cher d’y vivre, a-t-il constaté. Il décide d’appeler un ami ukrainien, à Saint-Quentin, qui l’incite vivement à s’installer dans la province. Avant ça, on ne savait rien de Kedgwick ou du Nouveau-Brunswick!

Il y a environ deux semaines, la famille a été accueillie par Clément Arpin, un résident de Kedgwick qui souhaitait offrir l’un de ses logements à des nouveaux arrivants.

Il nous a tellement aidés. Les gens de Saint-Quentin, de Kedgwick, de partout, tous nous ont tellement aidés, lance Stepan Ponomarov.

Les premières journées, ils n’osaient pas manger, ils étaient timides. Après une semaine et demie, presque deux semaines, ils sont redevenus souriants. On fait des soupers ensemble, se réjouit Clément Arpin.

« Ça prend un village pour élever un enfant, ça prend un village, aussi, pour accueillir des réfugiés. »

— Une citation de  Clément Arpin

Même si l’adaptation est difficile par moment, en raison de la barrière linguistique notamment, Stepan Ponomarov ne se décourage pas.

Vous savez, ce qui est important, ce sont les gens. Si les gens essayent de t’aider, la langue dans laquelle ils parlent n’importe pas, dit Stepan Ponomarov, qui a trouvé un emploi au sein du Groupe Savoie.

Avec des informations de Serge Bouchard



Reference-ici.radio-canada.ca

Leave a Comment