Des Canadiens s’opposent à un projet de condos sur Juno Beach



La porte-parole du groupe Save Juno Beach, Cindy Clegg, évoque une bataille remarquable, au cours de laquelle les soldats canadiens ont fait preuve de courage, de bravoure et d’intrépidité.

Et maintenant, quand je pense que ce champ de bataille verra pousser des condos où les gens pourront partir en vacances, hurler et faire jouer leurs radios à tue-tête, ça me rend malade, dit-elle.

Le site abrite actuellement le Centre Juno Beach, un musée canadien privé ouvert depuis près de 20 ans.

Le musée est engagé depuis deux ans dans une longue bataille juridique avec le promoteur français Foncim, qui envisage de construire deux bâtiments près de la plage, comprenant un total de 66 condos.

Save Juno Beach affirme que la construction de condos sur le site où les soldats canadiens ont pris part au débarquement de Normandie déshonorera les sacrifices des soldats canadiens qui ont pris d’assaut la plage le 6 juin 1944.

Plus de 14 000 soldats canadiens ont participé au débarquement et 359 ont été tués, selon Anciens Combattants Canada (Nouvelle fenêtre).

Nous approchons rapidement d’un point de non-retour, a déclaré le musée dans un communiqué. Il s’agit d’une menace existentielle pour le Centre Juno Beach et la présence commémorative canadienne en Normandie.

Nous devrions nous réunir et essayer de l’arrêter

Toute action qui porte atteinte aux sacrifices de ceux et celles qui ont servi à Juno Beach est un pas dans la mauvaise direction, a déclaré Nujma Bond, porte-parole de la Légion royale canadienne.

« La Légion a été troublée d’apprendre l’existence de ce projet de développement et nous discutons actuellement des prochaines étapes pour répondre à cette intrusion potentielle sur un site que nous considérons comme sacré. »

— Une citation de  Nujma Bond, porte-parole de la Légion royale canadienne

Robert Hage, un diplomate à la retraite qui œuvre maintenant au sein du Global Affairs Institute, un groupe de réflexion, croit que le Canada devrait tendre la main à la France au niveau diplomatique pour faire valoir que Juno Beach devrait être préservé et que le musée qui s’y trouve devrait être protégé des impacts du développement.

Nous devrions nous rassembler et essayer de l’arrêter, dit-il. D’autant plus que la réalisation de ce projet entraînerait probablement la fermeture du musée pendant deux ans, en raison des travaux de construction, et augmenterait le trafic dans le secteur, alors qu’il n’est tout simplement pas fait pour ce genre de chose.

Les Français méritent de jouir des libertés que leur ont apportées les Canadiens

En France, des médias locaux indiquent que le projet de développement de condos a été une source de controverse autour de Caen, la ville la plus proche, qui est aussi le siège des tribunaux qui ont supervisé le différend entre les promoteurs et le musée.

Cependant, une décision rendue début janvier a accordé à Foncim le droit de commencer la construction plus tard cette année. Un porte-parole du promoteur a déclaré aux médias français que la construction pourrait démarrer en septembre et durer jusqu’à deux ans.

Contrairement au groupe Save Juno Beach, le musée dit ne pas s’opposer catégoriquement à l’éventualité d’une construction à proximité du site du débarquement.

Nous ne sommes généralement pas opposés à des projets comme ceux-ci sur d’anciens champs de bataille; les Français méritent de profiter des libertés que le sacrifice de nos vétérans leur a apportées, indique le communiqué du Centre Juno Beach.

Le différend entre le promoteur et le Centre Juno Beach a largement porté sur l’utilisation d’une route – nommée la voie des Français libres – construite et exploitée par le musée.

Foncim prévoit d’utiliser la route pendant la construction. Le musée a tenté de bloquer l’accès au promoteur au motif que la construction perturberait l’accès au site.

Nous sommes très préoccupés par l’impact que cela aura sur le Centre Juno Beach, a déclaré le musée.

La pression d’Ottawa pourrait arrêter le projet, selon Save Juno Centre

Cindy Clegg exhorte les Canadiens opposés au développement à écrire à leurs députés locaux dans l’espoir que le gouvernement fédéral puisse faire pression sur le gouvernement français et qu’il arrête le projet.

Elle note qu’aucun condo n’a été construit sur les sites d’autres batailles importantes en France, comme la crête de Vimy ou Omaha Beach.

Les Français ont un devoir de mémoire et se souvenir de ce qui a précédé est très important pour leur culture, soutient Mme Clegg.

Malgré la décision du tribunal en faveur du développement, le groupe Save Juno Beach espère toujours que le projet sera annulé si suffisamment de Canadiens expriment leur opposition.



Reference-ici.radio-canada.ca

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