Des activités de classes neige interdites, faute d’assurances


Le directeur de l’instance, Louis Bujold, admet que le centre de services scolaire a été surpris et pris de court la semaine dernière lorsqu’il a reçu de nouvelles informations reliées à sa couverture d’assurances.

Dans le cadre d’activités de ski, notre assureur ne couvre plus notre responsabilité s’il arrive un pépin, un bris d’équipement, une perte ou même, de façon plus importante, des blessures, qu’elles soient légères ou graves, déplore M. Bujold.

Les bureaux administratifs du CSS René-Lévesque, situés à Bonaventure.

Les bureaux administratifs du CSS René-Lévesque sont situés à Bonaventure.

Photo : Radio-Canada

Une directive a été envoyée lundi à toutes les directions des établissements scolaires du territoire afin que les sorties impliquant des sports de glisse soient annulées. Cette décision a été difficile à recevoir, explique le gestionnaire. En même temps, il n’y a aucun compromis à faire […], renchérit Louis Bujold.

« C’est notre première responsabilité, la sécurité de nos élèves. Les parents nous confient leurs enfants pendant une période importante de leur vie et pendant toute la semaine. On doit s’assurer d’offrir des milieux sécuritaires. »

— Une citation de  Louis Bujold, directeur général du CSS René-Lévesque

S’il estime que les sports de glisse peuvent bel et bien être pratiqués de façon sécuritaire, le directeur explique qu’il serait irresponsable de tenir des classes neige sans couverture adéquate.

Louis Bujold, lors d'une entrevue accordée virtuellement à Radio-Canada

Louis Bujold, lors d’une entrevue accordée virtuellement à Radio-Canada

Photo : Radio-Canada

Louis Bujold indique par ailleurs que son organisation est déjà à pied d’œuvre pour trouver une solution à moyen terme. On va tenter de voir quelles sont les possibilités avec notre assureur actuel et voir, peut-être, les possibilités avec d’autres assureurs [qui pourraient] nous permettre ce type d’activités-là, explique-t-il.

Selon le centre de services scolaire René-Lévesque, la situation actuelle serait attribuable à un changement d’assureur en 2020. Son dossier a alors été relégué à une nouvelle entreprise. Radio-Canada est en attente de détails de la part de la compagnie, contactée en début d’après-midi mercredi.

Le centre de services scolaire Monts et Marées confirme de son côté que ses assurances n’ont pas été modifiées et que les activités hivernales prévues sur son territoire se dérouleront normalement cet hiver.

Au moment d’écrire ces mots, le CSS des Chic-Chocs n’avait pas donné suite à la demande d’information de Radio-Canada.

Consternation à Matapédia

À la station de ski municipale Petit Chamonix de Matapédia, c’est la consternation. On s’apprêtait à recevoir, dans les prochaines semaines, quelque 200 élèves en provenance des écoles du secteur. Alors que le site est généralement fermé en semaine, trois journées leur étaient entièrement dédiées.

Le chalet du Petit Chamonix, la petite station de ski située à Matapédia.

Le chalet du Petit Chamonix, à Matapédia et les pentes derrière.

Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois

Plusieurs précieux milliers de dollars en revenus s’envoleront en raison de ce changement, confirme la directrice des opérations, Mélissa Anctil.

« On est une petite station subventionnée par la Municipalité à toutes les années. On compte nos sous. Chaque revenu est important. »

— Une citation de  Mélissa Anctil, directrice des opérations au Petit Chamonix de Matapédia

La petite station de ski fonctionne, bon an mal an, avec un budget d’environ 130 000 $. De ce montant, une part d’environ 65 000 $ provient d’une subvention octroyée par la Municipalité de Matapédia.

Au-delà de l’argent qu’elles rapportent, Mme Anctil rappelle que les classes neige sont très attendues par les jeunes. Elles créent des souvenirs et des moments rassembleurs en dehors des murs des écoles.

Mélissa Anctil, photographiée devant les pentes du Petit Chamonix

Mélissa Anctil explique que six classes neige auraient pu, au total, être tenues cet hiver au Petit Chamonix et que trois étaient déjà à l’horaire.

Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois

Ces sorties contribuent également à convaincre les jeunes de Matapédia et des Plateaux d’opter pour les sports de glisse. C’est notre relève qui est là et un potentiel de clientèle, résume la gestionnaire.

« Il y a beaucoup de jeunes qui ont leur passe de saison, donc on les voit toutes les fins de semaines. Mais il y en a pour qui les classes neige, c’est la seule opportunité d’essayer la glisse. C’est vraiment dommage! »

— Une citation de  Mélissa Anctil, directrice des opérations au Petit Chamonix

Mme Anctil espère qu’une solution sera trouvée rapidement. D’ici là, elle encourage les parents et les écoles à se faire entendre auprès du centre de services scolaire. On aimerait ça qu’il y ait de plus de bruit possible pour que les gens se lèvent et disent que ça n’a pas d’allure, explique-t-elle.

L’Association des stations de ski réagit

L’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) ne peut confirmer si d’autres cas similaires ont été répertoriés ailleurs dans la province. Le regroupement déplore néanmoins la situation vécue en Gaspésie, qui a récemment été portée à son attention.

Le ski a toujours été une excellente occasion de faire du sport dans un contexte scolaire, de profiter du plein air et de découvrir de nouvelles aptitudes, pour les élèves. D’autant plus qu’en temps de pandémie, les jeunes ont grandement besoin de sortir et de faire des activités extérieures entre amis, explique sa responsable des communications, Sophie Leblanc-Leroux, dans un courriel acheminé mardi.

Deux adolescentes montrent à un enfant à skier.

Un enfant apprend à skier en compagnie de moniteurs (archives).

Photo : Radio-Canada / Marie-Hélène Paquin

L’Association des stations de ski du Québec ajoute que ses quelque 75 membres prennent les mesures nécessaires afin d’offrir des activités de ski sécuritaires. Elle se dit par ailleurs ouverte à discuter avec les intervenants dans ce dossier afin de dénouer l’impasse.

Plusieurs dossiers reliés aux assurances

Plusieurs organisations de l’Est-du-Québec ont éprouvé des problèmes en lien avec leur couverture d’assurances au cours des derniers mois.

Carleton-sur-Mer a, par exemple, dû interdire la glisse dans la côte menant au sommet du mont Saint-Joseph à la fin du mois de janvier parce que sa responsabilité n’était plus couverte en cas d’accident.

Une barrière installée au pied de la côte du mont Saint-Joseph indique que les activités de glisse y sont désormais interdites.

Cette barrière installée au pied de la côte du mont Saint-Joseph, à Carleton-sur-Mer, indique que les activités de glisse y sont désormais interdites.

Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois

Écovoile Baie-des-Chaleurs a dû suspendre ses activités l’été dernier le temps de se trouver un nouvel assureur. La police qu’elle a réussi à trouver pour la saison 2021 lui a coûté cinq fois plus cher que la précédente.

Dans les derniers mois, des problèmes attribuables aux assurances ont aussi touché les clubs de vélo de montagne.



Reference-ici.radio-canada.ca

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