Crise des opioïdes : l’Alberta invitée à mieux couvrir les médicaments de substitution


Le traitement par agonistes opioïdes (TAO) fait partie de la stratégie de l’Alberta pour combattre la crise des surdoses. Il implique le recours à des médicaments prescrits comme le suboxone et la méthadone pour atténuer la dépendance aux opioïdes plus dangereux tels que le fentanyl et l’héroïne.

Un programme instauré en avril 2020 permet aux personnes dépendantes d’être assurées pour ces médicaments pendant une période allant jusqu’à 120 jours.

Certains intervenants en santé, dont des médecins et pharmaciens, disent constater des améliorations dans la prise en charge de la toxicomanie dans la province depuis qu’il a été mis en place.

Ils remarquent cependant que certaines personnes en sont exclues avant de pouvoir trouver une solution de rechange.

Avant que le programme entre en vigueur, les personnes dépendantes aux drogues dures qui souhaitaient se procurer des médicaments de substitution moins toxiques ne pouvaient compter que sur leur propre portefeuille.

Moins équipées financièrement à faire face aux dépenses que cela implique, la plupart d’entre elles finissaient par rechuter, selon des intervenants du milieu.

C’est le cas de Michael Brown qui, sans assurance-médicaments, s’est retrouvé incapable de payer le traitement qui l’aider à surmonter sa dépendance.

« Quand je n’avais pas de couverture, c’était difficile. Et souvent, je devais retourner aux drogues illicites parce que je n’avais pas de couverture. »

— Une citation de  Michael Brown

Le Calgarien, qui a depuis obtenu une couverture, croit qu’il doit sa sobriété actuelle à la méthadone et au suboxone.

Un homme montre des gélules de la buprénorphine, un médicament de substitution à des drogues plus toxiques

Utilisée pour réduire la dépendance aux drogues dures, la buprénorphine est un médicament jugé efficace.

Photo : Associated Press / Elise Amendola

Le gouvernement invité à permettre des prestations à long terme

Plus de 5000 Albertains ont eu accès au programme depuis sa mise en œuvre.

Toutefois, des experts jugent que le gouvernement doit faire davantage, notamment en revoyant le fonctionnement du programme ainsi que sa durée.

Selon sa configuration actuelle, le calcul de la couverture est fait en fonction de la quantité de médicaments délivrés sur ordonnance au lieu de 120 jours réels. De fait, il arrive que la couverture de certaines personnes expire donc avant 120 jours.

« C’est un bon programme, mais il comporte des lacunes. »

— Une citation de  Rich Rego, pharmacien spécialisé en dépendances à Calgary

Ellie Grossman, directrice médicale de la Cambridge Health Alliance et enseignante en médecine à la Harvard Medical School pense d’ailleurs que la durée limitée du programme est une lacune en soi.

Elle dit que la buprénorphine, un des médicaments de substitution les plus utilisés, sauve des vies et s’inquiète de tout programme qui, comme celui de l’Alberta, fixe un nombre total de pilules sur une certaine période de temps.

Dans un courriel à CBC/Radio-Canada, Eric Engler, l’attaché de presse de Mike Ellis, ministre adjoint à la Santé mentale et aux Dépendances, explique l’existence d’une procédure permettant aux pharmaciens de contacter la Croix bleue de l’Alberta lorsque des patients se trouvent dans une situation nécessitant de prolonger leur traitement au-delà des 120 jours.

M. Engler annonce qu’une note d’information sera envoyée en ce sens aux pharmacies.

L’Alberta fait face depuis quelques années à une grave crise des opioïdes. En 2021, la province a enregistré 1758 décès liés aux drogues, soit 400 morts de plus qu’en 2020 et  plus du double par rapport  à 2019.

Avec les informations de Joel Dryden



Reference-ici.radio-canada.ca

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