Comment les fournisseurs d’électricité se préparent à l’afflux de véhicules électriques


Pour l’instant, le scénario est encore fictif. Calgary ne compte que 3000 voitures électriques sur plus de 1 million de véhicules immatriculés, selon les estimations de l’entreprise Enmax. L’achat de ces automobiles pourrait toutefois s’accélérer.

Le distributeur d’électricité estime que 200 000 voitures électriques pourraient circuler dans les rues de Calgary d’ici 2035, et ce, sans tenir compte des effets des incitatifs gouvernementaux. Dans son plan climatique dévoilé au début du mois d’avril, Ottawa souhaite que tous les véhicules légers vendus soient zéro émission d’ici 13 ans.

Le risque d’une surcharge du réseau

Les conséquences sur le système d’électricité seront nombreuses, selon le professeur d’économie de l’Université de Calgary Blake Shaffer. Lui-même est propriétaire d’un véhicule électrique.

J’ai un véhicule électrique avec un niveau 2 de recharge dans mon garage. C’est trois ou quatre fois le niveau de consommation de tous les appareils électriques de ma maison. […] Je recharge 5 ou 6 heures, le soir, explique-t-il.

Selon Blake Shaffer, le risque de pannes concerne moins le réseau électrique dans son ensemble que le système de distribution proche des résidences : les transformateurs, les câbles qui relient les maisons au réseau… 

Des transformateurs électriques,

La surcharge de consommation est plus risquée pour le réseau de distribution locale que pour les lignes à haute tension de la province.

Photo : Radio-Canada

Dans ses prévisions à long terme, le gestionnaire du système électrique de la province s’est fait rassurant sur sa capacité à surveiller la demande de consommation et à y répondre.

Des conducteurs suivis à la trace

Les distributeurs municipaux sont déjà passés à l’action. Enmax, par exemple, a lancé en 2019 un programme pilote d’études des véhicules électriques à Calgary. La première phase de recherche a montré que 80 % des utilisateurs rechargeaient leur auto à 17 h, au plus fort de la demande d’électricité.

C’est certain que nous allons devoir renforcer notre réseau dans certains quartiers pour certaines heures de consommation. Mais nous ne voulons pas accroître l’investissement dans le système, si les consommateurs sont ouverts à d’autres options , explique la présidente d’Enmax, Jana Mosley.

Plutôt que de coûteuses transformations du système, l’autre option qui s’offre aux distributeurs d’électricité est de modifier le comportement des conducteurs de véhicules électriques pour qu’ils étalent la recharge de leur auto dans le temps.

Dans sa deuxième phase de recherche, Enmax a recruté 250 de ces conducteurs et installé un appareil de traçage sur leur voiture pour surveiller en temps réel leurs habitudes de recharge.

La Saskatchewan a fait de même avec le programme Smart Charge de Saskpower. À Edmonton, EPCOR se fie à ses compteurs intelligents pour surveiller les pics de consommation.

Inciter le conducteur à changer de comportement

Selon Jana Mosley, une des solutions possibles est la mise en place d’un tarif différentiel de l’électricité en fonction de la période de la journée. Pouvons-nous vous inciter à recharger au milieu de la nuit quand la demande est moins forte? […] Si nous constations de l’intérêt pour cette formule, nous pouvons utiliser cette information dans nos discussions avec les politiciens, le gouvernement et le régulateur. Cela n’existe pas en Alberta, mais pour maximiser l’utilisation de notre système, je pense que c’est clairement une option, ajoute-t-elle. 

En Ontario où ce système de tarification variable est possible, les consommateurs payent moitié moins cher pour l’électricité en période creuse qu’aux heures de pointe.

Selon Blake Shaffer, ce type de tarification pourrait aider à éviter les pannes générales du système, mais soulagerait moins la pression au niveau des quartiers. Si tout le monde recharge son véhicule la nuit, cela devient tout aussi difficile pour les petits systèmes, souligne-t-il.

Une main appuie sur l'écran tactile d'un tableau de bord d'une voiture.

Plusieurs véhicules électriques permettent de différer le temps de recharge de la batterie en le programmant d’avance.

Photo : Radio-Canada

L’autre option qu’il étudie est de transférer le choix du temps de recharge du consommateur au distributeur d’électricité. Ce ne serait plus l’usager qui programmerait le temps de charge, mais le fournisseur en fonction de la capacité du système.

Blake Shaffer reconnaît que cette solution pourrait faire hésiter les utilisateurs au premier abord, mais ceux-ci le font déjà sans le savoir.

Si vous avez un téléphone d’Apple, le système de chargement a changé il y a quelques mois et l’appareil n’arrive à sa charge complète qu’à 6 h du matin, par exemple, explique-t-il.

Blake Shaffer ajoute que, si ce transfert de contrôle s’accompagne de rabais, les consommateurs s’habitueront plus facilement à cette idée.

Les résultats de la deuxième phase de recherche d’Enmax sont prévus pour décembre 2022. L’entreprise croit que d’autres phases de recherche seront nécessaires pour mettre en pratique les incitatifs étudiés.



Reference-ici.radio-canada.ca

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