Chronique | L’affaire Peng Shuai, ou comment la Chine a transformé les singes de la sagesse


Avant que les Jeux ne commencent, une nouvelle discipline s’était invitée dans le monde entier. Retrouvez les traces de vie de la joueuse de tennis chinoise Peng Shuai. Cette dernière aurait disparu à la suite des révélations qu’elle avait faites sur les réseaux sociaux. À la fin de 2021, elle avait accusé de viol, nul autre que Zhang Gaoli, l’ancien vice-premier ministre et ancien membre du Comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois. Depuis, l’ancien numéro au classement mondial en double était introuvable.

Curieusement, le premier qui l’a retrouvé, c’est Thomas Bach, président du Comité international olympique (DSI), qui aura même fait une visioconférence avec elle. Le monde pouvait être soulagé. Elle n’était ni morte, ni dans un quelconque centre de réhabilitation, cher aux Chinois.

Les mauvaises langues diront que cette mise en scène avait été orchestrée par le DSI pour venir en aide aux dirigeants chinois, qui en avait déjà plein les bras avec la gestion de la COVID, mais surtout, avec ces Ouïghours passablement dérangeants, sans oublier le sort plus qu’incertain des milliers de Hongkongais.

Thomas Bach aura donné son coup de pouce pour redorer une fois de plus l’image d’une Chine qui ne serait ni dictatoriale ni autoritaire. Il en profitait, en passant, pour justifier l’octroi de son spectacle à ce pays tant décrié. Le président du mouvement olympique a même récidivé samedi dernier en organisant un dîner avec Peng Shuai au club olympique de Pékin. Rien ne filtrera de cette rencontre sauf une invitation à Lausanne que la joueuse de tennis aurait acceptée.

Mais là où l’histoire devient vraiment intéressante, c’est la primeur obtenue par nos confrères français du quotidien L’Équipe. Dimanche, ils ont pu rencontrer Peng Shuai après d’intenses négociations et des règles très strictes.

Une joueuse de tennis est soucieuse pendentif son match.

« L’Équipe » s’entretient avec Peng Shuai

Photo : Getty Images / Maddie Meyer

C’est dans les locaux du Comité olympique chinois que s’est déroulé l’entrevue ou ce qui ressemble à une entrevue. Comme le résumé était assez bien Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction L’Équipe à nos confrères d’Europe 1 : certaines questions avaient été soumises avant l’entretien. On est allés au-delà des questions adressées et elle a répondu à toutes les questions dans un contexte très particulier, puisqu’elle n’est pas libre de sa parole ni de ses mouvements.

D’entrée de jeu, Peng Shuai, qui était bien encadrée par des représentants chinois, a déclaré : Agression sexuelle ? Je n’ai jamais dit que pourrait m’avoir fait subir une quelconque agression sexuelle. Je n’ai jamais disparu, tout le monde a pu me voir, je ne pensais pas qu’il y aurait une telle inquiétude.

Voilà, la table était mise. Les journalistes français ne sont pas tombés dans cette énième duperie, ce qui a fait dire à Jérôme Cazadieu : elle répondait de façon robotique. Il faut aller au-delà de ces réponses-là et voir la réalité dans l’interstice.

Quelle mise en scène pathétique ! Les Chinois nous avaient habitués à mieux dans l’art de la mystification. Il est parfois bon de revisiter l’histoire, car elle est pleine d’enseignements. Les Chinois l’ont bien compris en remettant au goût du jour « Les Trois singes de la sagesse » : Ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire.



Reference-ici.radio-canada.ca

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