Chronique | La spectaculaire renaissance de Maude-Aimée Leblanc


En octobre 2019, la grande golfeuse québécoise avait surpris énormément d’amateurs en annonçant sa retraite définitive des circuits professionnels.

Avec le temps, j’ai réalisé que cela n’avait jamais été mon rêve et que le golf ne me rendait pas heureuse, même après de bonnes performances.

Je n’ai pas aimé la personne que j’étais sur le terrain de golf et j’ai toujours voulu faire quelque chose de plus significatif de ma vie que de frapper une petite balle blanche , avait écrit la Sherbrookoise sur son compte Facebook.

Incroyablement, deux ans et demi après cette décision – qui semblait sans appel – Maude-Aimée Leblanc connaît le meilleur début de saison de sa carrière sur le circuit de la LPGA! En quatre tournois, elle compte déjà deux présences parmi les 10 premières à sa fiche, dont une 4e place à la Classique JTBC, en Californie, à la fin de mars.

Maude-Aimée Leblanc

Maude-Aimée Leblanc

Photo : Getty Images / Daniel Kalisz

D’un point de vue statistique, l’athlète de 33 ans impressionne à plusieurs niveaux. Elle se situe notamment au 7e rang du circuit en ce qui a trait au pourcentage de verts atteints en coups réglementaires (76,39%).

Par ailleurs, son nom vient au 10e rang pour le nombre de rondes conclues sous la barre de 70. Et bien sûr, sa puissance demeure sa marque de commerce. Ses coups de départ lui valent le 7e rang du circuit avec une moyenne de 277,13 verges.

À compter de mercredi matin, Maude-Aimée Leblanc participera à son cinquième tournoi de la saison, le Championnat Lotte, à Hawaï. Elle compte participer à 20 ou 25 compétitions d’ici la fin du calendrier.

***

Pour qu’un tel revirement de situation s’opère, Leblanc raconte qu’elle n’a pas simplement changé d’avis du jour au lendemain. C’est plutôt la relation toxique qu’elle entretenait avec le golf qui a changé.

« J’ai une relation plus saine avec le golf maintenant. Ce n’est plus une obsession. Je dirais même que ce n’est plus une passion. Je joue davantage pour le plaisir. Je joue pour gagner ma vie, bien sûr. Mais maintenant, quand je quitte le terrain de golf, je ne parle plus de golf et je ne pense plus à cela. »

— Une citation de  Maude-Aimée Leblanc, golfeuse

Dans le passé, je pensais au golf 24 heures sur 24. Souvent, il m’arrivait même d’en rêver durant la nuit. Ce n’était pas sain , estime-t-elle.

En plus de trois décennies de carrière, je ne me souviens pas d’avoir discuté avec un ou une athlète qui attribuait une partie de son succès au fait d’avoir drastiquement réduit son temps d’entraînement. Cet ajustement, plutôt atypique s’est pourtant avéré extrêmement bénéfique pour Maude-Aimée Leblanc.

Auparavant, je passais entre six et huit heures par jour au club de golf. Maintenant, c’est peut-être deux ou trois heures.

Dans le passé, j’avais tendance à compliquer les choses énormément au niveau technique et je voyais que ça n’aboutissait nulle part. J’ai complètement changé ça. Je passe beaucoup moins de temps au champ de pratique. Avant mes rondes, je m’échauffe et c’est tout. Je pense très peu à l’aspect technique. Pour moi c’est ce qui fonctionne et ça m’a pris du temps à me rendre compte de ça , confie-t-elle. *

**

Après avoir annoncé sa retraite à titre de golfeuse professionnelle à l’automne 2019, Maude-Aimée Leblanc avait suivi la formation et obtenu la certification de la PGA américaine lui permettant d’enseigner le golf.

Elle n’a toutefois jamais enseigné. Après plusieurs mois passés loin des terrains, elle s’est plutôt mise à la recherche d’un enseignant capable de corriger ses coups roulés, qu’elle considérait comme sa plus grande faiblesse.

Il faut remettre ça en contexte. À la fin de la saison 2019, j’étais 30e sur le circuit Symetra (le circuit professionnel mineur donnant accès à la LPGA) et j’étais vraiment à bout de ce circuit-là. Tout y est difficile, y compris les bourses qui sont minimes. Et financièrement non plus ça n’allait pas. Je n’avais plus suffisamment d’argent pour continuer. Je pense que j’aurais fait plus d’argent en travaillant chez McDo. Ça n’avait aucun sens. Alors j’avais conclu qu’il valait mieux faire autre chose , confie-t-elle.

Une golfeuse s'élance

Maude-Aimée Leblanc à l’Omnium australien en 2017

Photo : Getty Images / Brenton Edwards

La pandémie a retardé le début de la saison suivante. Et quand les tournois de la LPGA sont réapparus à la télé durant l’été 2020, elle s’est mise à avoir envie de sortir ses bâtons du placard.

Plus le temps passait, plus ça me chicotait. Je savais que j’avais le talent nécessaire pour réussir et je me disais que j’avais encore des choses à accomplir. Et j’ai décidé de retourner au jeu.

Maude-Aimée Leblanc est alors allée à la rencontre de Sal Spallone, un enseignant de golf de Vero Beach (région qu’elle habite depuis une dizaine d’années) afin de corriger ses sempiternels problèmes de coups roulés.

« J’avais entendu parler de Sal en termes élogieux. Je me suis dit que je n’avais rien à perdre à aller le voir. Je travaille avec lui depuis ce temps. Il a complètement changé mon approche et ma position sur les verts. Et c’est ce qui a fait toute la différence. »

— Une citation de  Maude-Aimée Leblanc, golfeuse

Par ailleurs, Sal a déjà joué professionnellement. Je trouve ça bien d’avoir un entraîneur qui comprend comment les choses se passent durant les tournois et ce que vivent les joueurs , souligne-t-elle.

***

Sur le circuit Symetra en 2019, Maude-Aimée Leblanc se classait au 61e rang quant au nombre de coups roulés exécutés par partie. Après avoir travaillé avec Spallone, elle s’est hissée jusqu’au 9e rang en 2020.

Dès la première fois où j’ai vu Maude frapper la balle, j’ai constaté qu’elle avait un talent particulier. Son élan et son talent sont naturels. Elle est grande (elle fait 6 pieds 1 pouce [1,85m]) et forte physiquement. La longueur de ses coups de départ est un atout majeur. C’était une excellente fondation pour commencer à travailler , raconte Spallone, qui a participé à quelques tournois sur le circuit de la PGA, ainsi qu’à l’Omnium des États-Unis.

Nous nous sommes assis ensemble et nous avons préparé un plan de match pour l’élever au niveau supérieur. Et nous nous sommes concentrés sur ses coups roulés, qui l’empêchait de se démarquer. Je ne lui ai pas donné une potion magique. Nous avons seulement apporté de petits ajustements ici et là. Maude-Aimée les a assimilés et ça lui a permis de développer sa confiance.

Le travail qu’elle a fait depuis deux ans donne des résultats. Désormais, la stratégie consiste à la laisser exploiter ses qualités athlétiques et son instinct plutôt que l’aspect mécanique du jeu. Tous les athlètes sont différents. Et dans son cas, c’est ce qui fonctionne le mieux. (…) Je suis ravi de voir qu’elle a connu ce genre de succès dès le début de la saison. C’est bon pour sa confiance et ça lui montre qu’elle a tout ce qu’il faut pour gagner à ce niveau. Si elle continue de cogner à la porte avec régularité, elle finira par aller chercher cette fameuse première victoire , croit Sal Spallone.

La principale intéressée partage l’optimisme de son entraîneur.

J’ai plus de maturité comme joueuse et j’ai continué à apprendre ce qui fonctionnait le mieux pour moi. Dans la cas de la routine d’entraînement ou du putting, il m’a fallu plusieurs années pour faire ces découvertes. Je pense que je connaîtrai mes meilleures années de golf durant ma trentaine, affirme-t-elle.

On a hâte de voir la suite.



Reference-ici.radio-canada.ca

Leave a Comment