Budget et Autochtones : Lafrenière « très conscient » qu’il reste du travail à faire



L’histoire d’Aby Piétacho, relatée lundi dans Le Devoir, a alimenté les discussions du comité parlementaire. Le traitement subi par cette enfant de deux ans, qui a été retournée cinq fois à la maison avant d’être finalement prise en charge à l’hôpital pour une tumeur, a rouvert la question de l’accueil des Autochtones dans le milieu hospitalier.

Moins de deux ans après l’affaire Echaquan, le député libéral Gregory Kelley et la co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé ont exprimé leurs inquiétudes quant à la discrimination qui perdure dans le système de santé québécois à l’endroit des Autochtones.

C’est clair que la situation d’Aby Piétacho, c’est la pointe de l’iceberg, a lancé Manon Massé. Ça s’appelle du racisme systémique.

M. Kelley se demandait d’ailleurs pourquoi aucun crédit n’avait été alloué par le gouvernement caquiste pour mettre en place le Principe de Joyce, un principe de sécurisation culturelle garantissant aux Autochtones le respect de leurs droits en matière de santé et de services sociaux. Une telle démarche avait été recommandée par le rapport Viens en 2019, un an avant la mort de Joyce Echaquan.

Ils sont étiquetés à cause de leur histoire et c’est quelque chose qu’on veut briser, a indiqué M. Kelley. On veut qu’ils aillent dans le système de santé et qu’ils soient traités comme tous les Québécois. C’est une demande de base […] Les Autochtones sont tellement stressés quand ils viennent dans nos institutions, car ils ont peur d’être traités différemment.

M. Lafrenière a indiqué que dans le cadre du plan J’ai espoir, visant à répondre aux recommandations de la commission Viens, environ le tiers du personnel de la santé au Québec a reçu une formation pour mieux intervenir auprès des populations autochtones.

La formation devait initialement être dispensée aux intervenants de la santé à Joliette, mais elle a finalement été déployée à l’échelle provinciale. À l’heure actuelle, 108 000 des quelque 300 000 intervenants du système de santé québécois l’ont reçue.

Ce n’est pas le chiffre qu’on voulait. On pensait qu’à l’heure actuelle, il y aurait un plus grand nombre de personnes qui auraient eu la formation. Mais c’est un pas dans la bonne direction, a indiqué le ministre Lafrenière.

Ce qui est important, c’est de tout mettre en place pour ne plus que ça arrive [des histoires comme celles de Joyce Echaquan et d’Aby Piétacho], et d’avoir la lucidité de se dire qu’on est des humains.

Oui, on a des formations, des campagnes de sensibilisation, mais ce n’est pas un vaccin, a-t-il poursuivi. Ce n’est pas ce qui va tout régler. Il y a d’autres mesures à mettre en place.

À ce titre, le ministre a évoqué la mise en place de nouveaux mécanismes pour recueillir les plaintes des Autochtones qui sont victimes de mauvais traitements dans le système de santé. Par exemple, à Manawan, près de Joliette, des membres de la communauté se sont vus confier le mandat spécifique de recevoir les plaintes de leurs pairs.

On a multiplié les possibilités de porter plainte. Est-ce que ça va tout régler? Non, a reconnu Ian Lafrenière. Bien entendu, il y a encore du travail à faire et on en est très conscients.

Le ministre a aussi évoqué la mise sur pied de cliniques qui intègrent l’approche autochtone dans les soins de santé. Une telle clinique est déjà en place à Val-d’Or et deux autres devraient voir le jour, à Trois-Rivières et à Québec.

Manon Massé a néanmoins dénoncé le fait que quatre ans après le rapport Viens, il n’y ait toujours pas de données pour savoir combien d’Autochtones passent par le système de santé québécois. Sans ces données, il sera difficile, selon elle, de changer réellement les choses.

Questionné sur l’accès au logement et à l’éducation, le ministre des Affaires autochtones a mis de l’avant les démarches visant à offrir des logements abordables et plus grands aux familles autochtones. Le déploiement de la fibre optique dans les territoires autochtones pour faciliter l’éducation à distance, notamment, est aussi une des priorités de son ministère.

La question de la protection de la jeunesse a également été abordée par l’opposition. Manon Masson a déploré qu’aucun des amendements proposés par les Autochtones au projet de loi 15, sur la protection de l’enfance, n’ait été retenu.

Les Autochtones demandent de pouvoir créer leurs propres programmes de protection de la jeunesse. Ils estiment que les services en place ne sont pas adaptés à leur culture et sont discriminatoires.



Reference-ici.radio-canada.ca

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