Aucun francophone au C. A. : le CN promet de « corriger la situation »


Cette affaire, dévoilée par La Presse, a soulevé un nouveau tollé jeudi, plusieurs intervenants politiques et économiques jugeant la situation inacceptable.

À Ottawa, d’abord, les ministres Omar Alghabra (Transports) et Ginette Petitpas Taylor (Langues officielles) ont rappelé, dans des déclarations presque identiques, que le Canadien National était assujetti à la Loi sur les langues officielles et qu’ils s’attendaient à ce que leurs dirigeants montrent l’exemple et dirigent par l’exemple.

Sur Twitter, le lieutenant québécois de Justin Trudeau, Pablo Rodriguez, a également déclaré que les Québécois et les francophones de partout au pays [devaient] être représentés au niveau décisionnel [des grandes entreprises comme le Canadien National] et qu’il s’attendait à ce que la situation soit rectifiée.

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Selon le chef bloquiste Yves-François Blanchet, cette affaire s’inscrit dans la lignée de celle entourant l’unilinguisme du président-directeur général d’Air Canada Michael Rousseau et des nominations par Justin Trudeau d’une gouverneure générale et d’une lieutenante-gouverneure au Nouveau-Brunswick incapables de s’exprimer en français.

C’est une culture typiquement canadienne qui fait en sorte que le français est plus souvent un irritant qu’un souhait sincère de la part des administrateurs, a-t-il affirmé.

Cette critique est partagée par la porte-parole néo-démocrate en matière de langues officielles, Niki Ahston, selon qui le gouvernement fédéral ne donne pas le bon exemple à l’entreprise privée.

Ça démontre le manque de sensibilité du Canadien National et surtout un manque de respect pour la population du Québec, a déclaré pour sa part Luc Berthold, chef adjoint du Parti conservateur du Canada.

Une annonce dès la semaine prochaine?

De passage à Rivière-du-Loup, le premier ministre du Québec, François Legault, a qualifié la situation d’inacceptable. On a parlé à la direction du Canadien National et la semaine prochaine, il y aura une assemblée annuelle des actionnaires, et ils vont annoncer qu’ils vont nommer quelqu’un de québécois et de francophone, a-t-il indiqué.

Sans aller aussi loin, le transporteur ferroviaire a assuré de son côté que l’absence d’administrateurs francophones sera réglée dans la prochaine année.

Deux des administrateurs qui siègent actuellement au conseil terminent leurs mandats dans les prochains mois et nous allons corriger la situation, a fait savoir le Canadien National dans une déclaration écrite transmise à Radio-Canada, ajoutant que le conseil d’administration était hautement conscient des enjeux.

Actionnaire minoritaire du transporteur ferroviaire, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) fait partie de ceux qui espèrent que la situation sera corrigée.

Que, parmi les 11 administrateurs du Canadien National, il n’y en ait pas un qui soit francophone et québécois, dans une société qui est basée à Montréal, qui est bien implantée à Montréal, nous, on trouve ça, extrêmement inacceptable, a confié son porte-parole Maxime Chagnon en entrevue à Radio-Canada.

C’est un peu de ma faute, dit Jean Charest

C’est l’ex-premier ministre du Québec Jean Charest qui devait être le représentant francophone du CN, mais il a quitté le conseil d’administration le mois dernier pour se lancer dans la course à la direction du Parti conservateur du Canada.

C’est un peu de ma faute, a-t-il admis jeudi en entrevue à Tout un matin, sur ICI Première. Ils m’avaient recruté, mais après ça est venu la course au leadership, alors honnêtement, ils ont été pris de court, pour être juste envers eux.

Cela étant dit, M. Charest estime que le tollé suscité par l’absence de francophones au sein du C. A. du CN est une tempête dans un verre d’eau. Selon lui, la compagnie ferroviaire respecte tous ses engagements en matière de langues officielles et ce qui se passe n’est rien de moins qu’un malheureux hasard.

C’est une magnifique entreprise, très engagée sur la langue française, qui a une belle présence à Montréal, a-t-il plaidé, jeudi.

Fait rarissime, le Canadien National avait déjà été interpellé l’automne dernier par le gouvernement du Québec après l’embauche d’une présidente unilingue anglophone, Tracy Robinson. Celle-ci s’était par la suite engagée à prendre des leçons de français.

Une impression de déjà vu

L’absence de francophones au conseil d’administration du Canadien National ne date pas d’hier. Déjà, en 1962, l’ex-président du transporteur ferroviaire Donald Gordon avait créé la controverse en déclarant : Tant que je serai président du Canadien National, nul ne sera nommé vice-président du Canadien National parce qu’il est un Canadien français.

Soixante ans plus tard, ce nouvel épisode linguistique met le gouvernement Trudeau dans l’embarras. Car la Loi sur les langues officielles – et sa nouvelle mouture, proposée dans le projet de loi C-13 de la ministre Petitpas Taylor – ne prévoit rien pour la composition des conseils d’administration.

La Loi sur les langues officielles du Canada ne fait qu’obliger les institutions fédérales à fournir des services en anglais ou en français sur demande.

Le Commissariat aux langues officielles affirme néanmoins avoir reçu une plainte au sujet du conseil d’administration du Canadien National, jeudi. Nous sommes en train d’analyser sa recevabilité, a fait savoir à Radio-Canada Alexandre T. Gingras, conseiller en communications.

Avec les informations de Laurence Martin et Chistian Noël



Reference-ici.radio-canada.ca

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