Assouplissement de la norme sur le nickel : des organismes s’opposent au projet


Le gouvernement propose de rendre le seuil journalier de nickel cinq fois plus permissif. 

Le gouvernement propose aussi d’ajouter un seuil annuel de 20 ng/mètre cube.

Le gouvernement propose de rendre le seuil journalier de nickel 5 fois plus permissif

Norme actuelle

Norme du projet de règlement

Concentration journalière maximale

14 ng/mètre cube

70 ng/mètre cube

Des organismes environnementaux de l’Abitibi-Témiscamingue se disent inquiets des impacts dans la région, étant donné que la Fonderie Horne et le projet Launay émettent déjà du nickel.

Le conseil régional en environnement de l’Abitibi-Témiscamingue (CREAT) souligne qu’on ne connaît pas les effets d’une exposition simultanée à plusieurs produits chimiques, comme le nickel, l’arsenic et le plomb.

La somme de tous ces contaminants-là n’est pas prise en compte. Ils sont tous évalués individuellement, mais ça fait un méchant cocktail dans l’air quand tout ça est ensemble, indique la présidente du conseil d’administration du CREAT, Jacinthe Châteauvert. 

Gérald Zagury, professeur titulaire en génie minier à la polytechnique, rapporte qu’une exposition au nickel peut avoir des impacts sur la santé, même s’il est moins toxique que l’arsenic, le plomb ou le cadmium.

Ça peut entraîner une inflammation des poumons. Il peut également y avoir de la fibrose des poumons, le cancer du poumon. Évidemment là on parle d’exposition à des concentrations élevées, mais effectivement, il peut y avoir des risques importants sur la santé humaine à la suite de l’exposition par inhalation, dit-il. 

La station de mesure de la qualité de l'air dans le Vieux-Limoilou.

Une station de mesure de la qualité de l’air dans le Vieux-Limoilou.

Photo : Radio-Canada

Des impacts environnementaux sont aussi possibles. Quand le nickel se dépose dans les cours d’eau, il peut affecter les poissons et d’autres organismes, selon professeur Zagury. 

Le porte-parole du Regroupement vigilance mine, Marc Nantel, déplore que le gouvernement minimise les effets d’une plus grande exposition au nickel.

Le message que le gouvernement envoie actuellement est totalement incompréhensible. On dit la santé humaine, ça passe en deuxième, puis c’est les entreprises en premier qui doivent bénéficier de la largesse du gouvernement, dénonce-t-il. 

Autre enjeu : mesurer la concentration de nickel

Présentement, la Fonderie Horne ne mesure pas la concentration de nickel dans l’air. 

L’inventaire national des rejets de polluants, produit par le gouvernement canadien, mesure la quantité annuelle de nickel émise à divers endroits, dont la Fonderie Horne, mais ces chiffres n’indiquent pas la concentration de nickel dans l’air. 

Dans une déclaration écrite, la Fonderie Horne affirme qu’au cours des prochains mois, elle poursuivra sa collaboration avec son comité de liaison, mis en place en 2019, où le sujet des émissions de nickel a déjà été discuté. Un suivi sera également fait sur les tendances d’émissions observées grâce à ce nouvel équipement d’échantillonnage, qui sera éventuellement installé.

L’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) est également préoccupée par la hausse proposée des normes sur le nickel.

Il nous apparaît déraisonnable d’adopter la norme européenne annuelle de 20 ng/m3 dans les PM10, qui s’appuie sur une concentration élevée de sulfate de nickel, alors que ce l’on retrouve dans l’air ambiant de Québec est un sulfure de nickel et de fer (Ni9Fe9S8) appelé pentlandite , explique par voie de communiqué Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’AQME. 

Gérald Zagury précise qu’il existe différents types de nickel, qui ont différents effets sur la santé.

Ça va dépendre de la forme chimique du nickel. Là, ce qui est intéressant, c’est d’arriver avec cette concentration annuelle [maximale]. Ce que je comprends, l’idée de cette concentration annuelle, c’est pour éviter qu’il y ait des dépassements trop importants de façon journalière, estime le professeur Zagury.

Une consultation publique pour ce projet de règlement est en cours jusqu’au 20 février.



Reference-ici.radio-canada.ca

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