Alerte rouge , de Disney, le premier film de la réalisatrice canadienne Domee Shi


La cinéaste canadienne, d’origine chinoise, pointe du doigt d’innombrables éléments qui auraient pu torpiller sa mission de mettre en scène une jeune sino-canadienne aux prises avec la puberté. Car le film parle ouvertement de l’arrivée des menstruations et des différentes obsessions des adolescentes.

Domee Shi explique qu’elle n’a jamais reçu d’objection sur aucun de ces éléments de la part de Pixar. Probablement parce qu’ils étaient de la première ébauche qu’elle a présentée au studio, juste après la sortie de son court métrage Bao, récompensé d’un Oscar en 2018.

Son héroïne Meilin Mei Lee est une jeune fille de 13 ans qui vit à Toronto en 2002. Elle découvre qu’elle a un gros problème : elle se transforme en panda roux géant dès qu’elle a de fortes émotions, ce qui est courant pour l’adolescente.

J’ai proposé deux autres idées qui n’étaient pas aussi personnelles ou canadiennes, donc ils avaient le choix, raconte Domee Shi lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Toronto avec certains membres de la distribution.

Mais je pense que c’est ce qui a attiré Pixar vers cette idée. Ils n’avaient jamais vu une histoire qui explore le passage universel à l’âge adulte à travers le prisme si spécifique d’une jeune fille sino-canadienne.

La vie de la réalisatrice

L’histoire est en effet très personnelle pour Domee Shi, qui a également grandi à Toronto dans une famille d’origine chinoise.

J’étais cette fille de 13 ans qui se débattait entre le fait d’être la jeune fille modèle et ces hormones poilues en furie à l’intérieur de moi, dit Domee Shi, la première femme issue de la diversité à réaliser un film Pixar.

Je voulais vraiment remonter dans le temps et décortiquer ce qui se passait pendant la puberté, non seulement de mon point de vue, mais aussi du point de vue de ma mère. Je voulais analyser ce phénomène d’une manière amusante et intéressante, dit-elle.

Portrait de la jeune femme.

La réalisatrice torontoise Domee Shi

Photo : The Canadian Press / Tijana Martin

Dans le film, la réalisatrice mélange l’animation générée par ordinateur avec l’animation japonaise pour exprimer les grandes émotions colorées de Meilin.

Le manga Sailor Moon et le maître de l’animation japonaise Hayao Miyazaki étant ses principales sources d’inspiration.

L’équipe de production a également consulté des personnes d’origine sino-canadienne pour s’assurer de refléter leur réalité.

La voix de Sandra Oh

Dans la version originale anglaise, c’est la jeune comédienne californienne Rosalie Chiang qui donne sa voix à Mei. La voix de sa mère Ming est celle de la comédienne canadienne très connue Sandra Oh, originaire d’Ottawa.

Je suis ravie de faire partie de cette histoire, de donner de la profondeur à la relation complexe entre une mère et une fille, et que Ming soit un personnage à part entière, a réagi Sandra Oh.

Sandra Oh sourit sur le tapis rouge des prix Emmy devant un mur bleu.

L’actrice anadienne Sandra Oh en 2018

Photo : Getty Images / Frazer Harrison

Et l’actrice ne tarit pas d’éloges à l’égard de Domee Shi. Je lui tire mon chapeau d’avoir eu une vision aussi claire de ce qu’elle voulait faire ressortir.

La jeune comédienne de Mississauga en Ontario, Maitreyi Ramakrishnan, vedette de la série de Netflix Mes premières fois (Never Have I Ever Star), joue le rôle de Priya, l’amie de Mei, lunatique et sombre.

C’est ici que j’ai grandi, il n’y a pas mieux que ça, a-t-elle dit, ajoutant que de voir le SkyDome dans sa forme originale et un subtil geai bleu au premier plan sont ses points de repère préférés dans le film.

Pour Sandra Oh, c’est le coin des rues Spadina et Dundas, où elle a passé beaucoup de temps.

Maitreyi Ramakrishnan explique que pour elle, c’est le lien entre Mei et ses amies qui est le plus spécial. La représentation d’amitiés féminines positives est très importante pour moi.

Contrer le racisme

Domee Shi pense que le film arrive au bon moment et peut ainsi contrer la montée du racisme anti-asiatique avec la pandémie.

C’est super important d’avoir des films comme celui-ci qui sortent en ce moment et qui montrent des Asiatiques d’une manière très humaine, valorisante et magnifique, pour prouver que nous méritons d’être ici.

Nous méritons qu’on raconte des histoires sur nous et surtout d’être en sécurité et célébrés.

Une sortie en ligne

Alerte rouge devait initialement sortir en salle, mais les plans ont changé en janvier en raison de l’augmentation des cas de COVID-19. Le film sort vendredi sur la plateforme Disney+.

Domee Shi a des sentiments mitigés à l’idée qu’il sorte directement en ligne. Disney+ semblait être la solution la plus évidente. Nous avons eu la chance de voir comment Soul et Luca ont été accueillis, ça nous a donné plus de confiance.



Reference-ici.radio-canada.ca

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