5 mythes entourant la dépendance à l’alcool et aux drogues


Mythe 1 : la dépendance est un manque de volonté

Ça n’a rien à voir, affirme Myriam Laventure, professeure au Département des sciences de la santé communautaire à l’Université de Sherbrooke et membre de l’Institut universitaire sur les dépendances.

De l’alcool aux opiacés, la substance agit sur le système nerveux central, explique-t-elle. La consommation est une stratégie adaptative. […] C’est la recherche toujours plus grande, souvent d’arrêter une souffrance, que ce soit une souffrance physique ou psychologique, qui va amener les personnes à faire un abus.

« Les personnes sont prises dans un cercle vicieux.  »

— Une citation de  Myriam Laventure, professeure, département des sciences de la santé communautaire, Université de Sherbrooke

Mythe 2 : La dépendance touche surtout les itinérants

Le Downtown Eastside, un quartier de Vancouver connu pour sa population en situation d’itinérance, a souvent été considéré comme étant l’épicentre canadien de la crise des surdoses liée aux substances illicites. Mais pour Lisa Lapointe, coroner en chef de la Colombie-Britannique, c’est l’un des mythes les plus frustrants qu’elle rencontre.

« Les drogues sont toxiques, peu importe où vous vivez, votre statut socio-économique ou votre travail.  »

— Une citation de  Lisa Lapointe, coroner en chef de la Colombie-Britannique
Lisa Lapointe s'exprime dans une conférence de presse.

Lisa Lapointe, coroner en chef, BC Coroners Service lors de la conférence de presse du cinquième anniversaire de la crise des surdoses.

Photo : Radio-Canada / MIKE MCARTHUR

La pauvreté est tout de même un facteur de risque, précise la professeure Myriam Laventure , mais tout le monde peut un jour vivre une dépendance, car elle n’a pas de niveau socio-économique prédéfini, indique-t-elle.

Mythe 3 : La crise des surdoses est un problème de toxicomanes

En Colombie-Britannique, 2224 personnes ont perdu la vie en 2021 en raison d’une surdose, selon les dernières données du Service des coroners. Ces informations révèlent que les personnes ayant une grave dépendance à la drogue ne représentent pas la majorité des décès.

Un groupe de personne marche avec des croix blanches dans la rue.

Le groupe Moms Stop the Harm défile à Vancouver en avril 2021 pour marquer le cinquième anniversaire de l’urgence de santé publique de la Colombie-Britannique concernant les décès attibuables aux drogues illicites.

Photo : Radio-Canada / Ben Nelms

Vous pouvez consommer [de la drogue] pour la première fois, vous pouvez être un consommateur du week-end, ou tous les quelques jours, ou quotidiennement , déclare Lisa Lapointe.

Mythe 4 : Les traitements sont accessibles à tous

Les services destinés aux toxicomanes en Colombie-Britannique sont largement concentrés dans le centre-ville de Vancouver alors que l’ensemble de la province est touché.

L’accès au traitement doit pourtant se faire rapidement et dans un lieu où les gens peuvent se rendre facilement, selon Myriam Laventure. Je pense qu’il faut aussi adapter notre façon de les accueillir, constate-t-elle. Les différentes approches sont importantes, car l’abstinence n’est pas une solution pour tous, selon la professeure.

De l'équipement de consommation de drogue sur la table.

Le site de consommation supervisée Two Doors Down est géré par le projet sans but lucratif POUNDS à Prince George, en Colombie-Britannique.

Photo : Radio-Canada / Andrew Kurjata

En Colombie-Britannique, il existe un programme d’approvisionnement pharmaceutique sûr d’opioïdes. La coroner en chef Lisa Lapointe se renseigne régulièrement auprès des autorités sanitaires pour savoir combien de personnes ont reçu une prescription leur donnant droit à des opioïdes sûrs.

« La réponse est toujours : “pratiquement personne”.  »

— Une citation de  Lisa Lapointe, coroner en chef de la Colombie-Britannique

Mythe 5 : La dépendance est uniquement un problème de drogues illicites

Pas du tout, au contraire, démystifie Myriam Laventure, On va souvent parler de ce qui fait les gros titres. Mais, la substance, à ce jour, qui est associée à le plus de maladies, c’est l’alcool.

En Colombie-Britannique, la consommation à risque et excessive d’alcool n’est souvent ni reconnue ni traitée par le système de santé, mentionne Kevin Hollett, porte-parole pour le Centre de consommation des substances de la Colombie-Britannique (BC Centre on Substance Use). Pourtant, au pays, 1790 décès ont été causés par l’alcool chez les personnes de 45 à 64 ans en 2020, selon Statistique Canada et 1 cas de cancer sur 25 est lié à la consommation d’alcool, montre une étude du Centre international de recherche sur le cancer.

Vue aérienne de bouteilles de vin rouge et blanc.

Un cas de cancer sur vingt-cinq est lié à la la consommation d’alcool.

Photo : iStock / kieferpix

L’alcool étant socialement accepté, ça inquiète moins que les drogues illégales. On le craint moins, ajoute Myriam Laventure.

La professeure, experte en prévention des dépendances, conclut qu’il ne faut pas que les personnes souffrant de dépendance ainsi que les membres de l’entourage hésitent à demander de l’aide. Même si la personne n’est pas prête à aller consulter ou à diminuer sa consommation, le membre de l’entourage peut recevoir de l’aide pour lui-même, ajoute-t-elle.

Une ligne téléphonique d’aide aux personnes en Colombie-Britannique qui ont besoin de soutien pour tout type de problème de dépendance est offerte gratuitement en tout temps, au 1 800 663-1441, ou, dans le Grand Vancouver, au 604 660-9382.

Avec des informations de Bethany Lindsay



Reference-ici.radio-canada.ca

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