Cette somme provient des 257,9 millions de dollars prévus sur cinq ans pour la culture dans le budget 2022 dévoilé le 21 mars dernier.
C’est vraiment un excellent plan, affirme Louise Lantagne, présidente et chef de la direction de la SODEC. Ce sont des aides très précises pour aider des besoins bien identifiés. Ce n’est vraiment pas une vue de l’esprit.
Même son de cloche chez Sophie Prégent, présidente de l’UDA, qui se réjouit de l’écoute réelle qu’elle a perçue de la part de Nathalie Roy et de son ministère. C’est sûr qu’en tant que présidente de l’UDA, je pousse un grand soupir de soulagement. Je trouve qu’il y a des mesures qu’on demandait depuis fort longtemps, bien avant la pandémie, et c’est extraordinaire.
Enfin une reconnaissance pour l’autoproduction
Parmi les mesures annoncées dimanche, tant l’UDA que la SODEC soulignent les sommes destinées à la création de nouveaux programmes d’aide à l’autoproduction musicale, une mesure qui était demandée depuis belle lurette.
Cette enveloppe sera partagée entre le ministère de la Culture et des Communications, la SODEC et le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), qui pourront ainsi créer des programmes pour l’autoproduction, mais aussi pour des productions dans des lieux atypiques ou alternatifs, entre autres.
Ça fait longtemps qu’on essaie de convaincre la SODEC de faire en sorte que les autoproducteurs dans le secteur de la musique puissent aussi avoir des programmes, comme les producteurs de musique
, explique Sophie Prégent.
De l’argent pour les autoproducteurs, je n’ai jamais vu ça depuis que je suis à l’UDA. C’est une reconnaissance que dans le milieu de la musique, ça fonctionne de plus en plus comme ça.
Le musicien David Bussières, membre d’Alfa Rococo et cofondateur du Regroupement des artisans de la musique (RAM), s’est également réjouit de l’annonce. On ne connaît pas encore les détails de comment ça va s’articuler, mais on est bien contents, c’est comme une brèche qui s’est ouverte
, explique-t-il.
C’est exactement la raison d’être du RAM, parce qu’il n’y a pas d’association d’autoproducteurs […] L’autoproduction est rendue un modèle dominant dans notre industrie. Il faut l’encadrer et donner les moyens à ces autoproducteurs d’arriver à leurs fins et de faire des productions de qualité.
Un filet de sécurité étendu jusqu’en 2023
Mme Prégent et Mme Lantagne se réjouissent également du maintien des mesures se présentant comme un filet de sécurité face à l’incertitude causée par la pandémie de COVID-19, qui se poursuit avec une 6e vague au Québec.
Ce premier volet du plan, totalisant 123,3 M$, comprend notamment un prolongement jusqu’au 31 mars 2023 de l’aide à la billetterie, autrement intitulée Mesure particulière à la diffusion de spectacles québécois.
L’aide à la billetterie, ça ne va pas directement dans nos poches les artistes, mais ça fait en sorte qu’on va pouvoir avoir des contrats au théâtre et dans les arts de la scène
, explique Mme Prégent.
Tout le monde jouait un peu safe [pendant la pandémie], ce qui faisait en sorte qu’il y avait des petites distributions. Tandis que là [les salles de spectacle] peuvent avoir un peu plus d’audace, aller chercher des pièces où la distribution est plus importante et faire en sorte que si jamais il arrive quelque chose, elles ne feront pas banqueroute.
La culture en mode séduction
L’UDA et la SODEC soulignent aussi l’importance de plusieurs mesures incluses dans les volets Faire briller (79,5 M$) et Propulser (23 M$) du plan annoncé dimanche.
Ces mesures visent entre autres à faire briller la relève artistique, à encourager les tournées partout au Québec et à créer des productions à plus grand déploiement
, selon un communiqué du ministère de la Culture et des Communications, mais aussi à faire rayonner les artistes d’ici à l’international.
La ministre Roy va faire une grosse campagne de séduction auprès du public, ce qui est une excellente nouvelle aussi. Parce que pendant deux ans, pour le dire un peu bêtement, les gens ont beaucoup joué à Candy Crush,
explique Mme Prégent.
Ils ont consommé du cinéma et de la télévision mais pas d’arts vivants. Il faut séduire ce public-là à nouveau pour qu’il retrouve cette magnifique habitude d’aller à la rencontre des artistes sur scène.
Le plan viendra également soutenir des productions numériques se voulant audacieuses, comme des balados, des expériences immersives, ainsi que des productions en réalité virtuelle ou augmentée.
Les créateurs et créatrices à l’avant-plan
S’il y a une chose à retenir du plan de la ministre Roy, selon l’UDA et la SODEC, c’est le véritable dialogue qui s’est installé entre le gouvernement et le milieu culturel, un dialogue de proximité encouragé par l’urgence des situations provoquées par la proximité.
Rares sont les politiciens ou les ministères de la Culture qui ont eu autant d’écoute pour le secteur. Mme Roy porte beaucoup d’intérêt au terrain, pour les gens qui créent
, affirme Sophie Prégent.
Celle qui est présidente de l’UDA depuis 2013 affirme s’être butée par le passé à des membres du gouvernement qui parlaient de culture au sens large avec une certaine déconnexion, sans jamais faire allusion aux personnes qui font tourner la roue.
À l’UDA, on a déposé un mémoire qui s’appelait Pas de culture sans artistes, parce que je n’en pouvais plus d’entendre le mot culture mais jamais le mot artiste. Ce n’est pas possible […] Redonnons à César ce qui appartient à César. Redonnons leurs lettres de noblesse aux artistes qui en ont tant besoin.
« Cette culture, il y a des gens qui la véhiculent, qui la créent, qui la façonnent, qui la gossent, qui l’inventent. Si ces gens-là ne sont pas là, je m’excuse, mais il n’y a pas de culture. »
Elle explique que pendant la pandémie, les acteurs et actrices du milieu culturel n’avaient pas le temps par exemple de passer par le Registre des lobbyistes du Québec pour faire leurs revendications, ce qui a poussé à nouer des liens avec les pouvoirs publics.
S’il y a une chose que je voudrais qui reste à l’UDA, avec les instances gouvernementales, c’est bien ça : de vraies relations humaines et une vraie écoute. Ça, ça fait avancer un bateau en tabarnouche.
Ce texte a été écrit à partir d’entrevues réalisées par Eugénie Lépine-Blondeau, chroniqueuse culturelle à l’émission Tout un matin. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté ou de concision.
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